…De nouveau sur la plage de Langrune, devant la route noire mon enfance ne passe pas. Sales souvenirs de pension restés entrouverts.. Mes parents sont des jeunes gens qui ne m’ont pas encore conçu. Au large, les catamarans culbutent les vagues. Plus d’ombre, une coulée lumineuse vers Riva-Bella . Gigue de mâts, fenêtres qui cognent, minuscules rides d’argent qui ourlent la plage. Pendant la nuit, des paquets d’algues ont bruni les bancs de sable. Tu es là, proche, enfance, cette honte qui te colle au corps,baguettes des jambes, crabe tricoté large sur ta misère laineuse qu’on appelle un maillot de bain . Tu échanges le froid de la mer avec ton propre froid.A 43 ans de distance tu cherches une délivrance impossible dans les traces de sel qui suintent sur les poteaux de bois goudronneux .

Les êtres que tu connais sont si peu nouveaux que tu en es malade Tu as perdu ton lycée, ton Gaffiot, entoilé orange, ton paquet de P4 , ton compas d’écolier étincelant sur velours noir et tu n’oses rentrer à la maison.La matinée chahute ses vagues comme si le monde était un endroit métallique qui t’adresse une grimace. Odeur gluante de dorade grise entre les cuisses, oui, tu ruisselles, tu viens de l’eau, poisson de mauvais temps.Oui, les vagues sont courtes ce matin. Demain, ce sera dimanche, dimanche partout, dimanche de messe, dimanche de la blanquette de veau, dimanche pour tous.Le monde entier émerge de son dimanche .Tu cours vers la maternelle,tintent les premiers tramways. quartier ouvriers bouclés.Tu danses sur une péniche dans l’estuaire de l’Orne,tu fais le con pour épater les filles, tu perds tes billes dans l’eau et les reflets verts forment la chapelle Sixtine,c’est si beau que tu sèches le cours de gym et que tu tombe sans fin dans les reflets.
Un vieil homme passe derrière la haie et te dit :
– Belle journée mon gârs ! Qu’estce tu fais là mon gârs ?
Tu poses ton vélo contre le mur.

Toi, tu vois le temps qui se tord entre ciel et mer. Il pousse des nuages entre deux trouées de lumière. La herse d’eau cogne en bas du jardin. Gerbes de verdure. Pins qui étalent un curieux pelage, les morts appellent ce matin… Les spectres emplissent l’air… Tu jettes le reste de café dans l’évier et tu te dis que tu es devenu père toi même sans savoir rien de l’usage du monde. Que vas tu leur apprendre à tes deux filles ? Le vol des hannetons aux pattes pleines d’encre? La danse sur une péniche ? Les images pieuses glissées dans le Missel ? Histoire de l’organisation Todt ? Le Gaffiot entoilé orange ? Le cache-nez à odeur pisseuse ? Le froid des dortoirs par jour de grand vent ? La roulade sur le tapis de caoutchouc devant les filles qui se marrent ? Les images vitreuses des grandes marées ? La rayonnement de l’été qui ne se met jamais en place ? Que tu le veuilles ou non ces années là se balancent comme une épave dans l’avant-port ?Nausée, vomi, bois flotté qui bouge sans cesse, folie d’oiseaux aux ailes blanches qui te chie dessus. Tout est trop vert, cru, vert cul de bouteille tout est trop dimanche. Le train des permissionnaires ne finit pas d’approcher entre les locos qui rouillent ,et le deuil des rues( noircies de fumées) grossit dans ta paire de lunettes. Ralentis. Eteins. La lumière mourante du soir ,même en bord de mer, n’apporte aucune nostalgie, voilà ce que tu dois apprendre à tes deux filles.

Une langrune est une poutre immergée stabilisant une muraille féodale. Il y aurait une plage de ce nom? Un Gaffiot orange? Je le verrai plutôt dans les marron …l’essentiel’ est la remontée kaléidoscopique des souvenirs…
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Langrune est une station balnéaire de la côte normande entre Luc et Saint-Aubin. Mon dictionnaire Gaffiot étant resté longtemps au soleil un été entier sur un rebord de fenêtre, le marron de la couverture devint orange…
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Connaissant Langrune c’est bien l’endroit adequat pour ce sombre papier..l’antithèse de la joie maritime Et cette paternité serait donc comme un bois humide soutenant le fondement des murailles Tout colle tout est a sa place..
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faut slaver lcul polo..c’est ça qui faut apprende a ses droles et drolesses..sinon ça engendre des monstres quil dit franchesco à anguéla
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Merci Paul Edel de ces précisions. Le nom de Langrune apparait aussi quelque part, chez un personnage de Modiano, je crois. Et si ma mémoire est bonne, ce n’est pas un toponyme… J’espere que vous ne vous formaliserez pas du rapprochement! Bien à vous.
MC
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j’ai un faibe pour tous les mots reliés en zinc msieu courte..je connais longrine mais pas langrune..tu mobligrais..
une plus grande reconnaissance encore a ceux qui auront su voir et dire qu’on ne peut bannir une identité si multicarte et si plusieurs fois fausse pour qu’on puisse au final la sidérer dun coup de clavier..fort expert..un pti merci aussi à la vanité cosmique de keupu qui nayant point su faire autrement qu’éjaculer son contentement a forcé lassouline à faire le préfet..les précédents banisment étoye comme par erreur négligeabe qu’on les aurait dit plusqu’a linsu de son plain gré..hanonyme si josais..merci a polo pour faire passer..merci à hsbc..au crédit suisse et à bolloré
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