Montherlant, un oubli si injuste…

Montherlant est un curieux cas. Célébrité puis progressif oubli. Il a fait l’expérience commune à beaucoup d’écrivains, à savoir que la notoriété littéraire est   moins durable que votre propre vie ; vous la voyez s’éteindre cette notoriété aussi vite qu’une allumette entre vos mains. Avant de mourir il avait constaté que ses livres disparaissaient des librairies. Lui qui faisait la Une des journaux littéraires d’avant-guerre était désormais soldé chez les bouquinistes, sur les quais de la Seine, en face de son appartement.  

 A 40 ans il était en tête des ventes avec  la tétralogie des « Jeunes filles » publiée de 193O à 1936.

Rembobinons. A 39 ans, revenu de longs séjours en Espagne (où il fut blessé par un taureau) et en Algérie ( où il découvrit le colonialisme et  le raconta   dans « La Rose de sable »),  il est soudain   remarqué par la Critique   avec « Les célibataires ».C’est un bref ouvrage décapant, cruel, sur la solitude et le décalage social  . Il détaille les vies oisives de Léon de Coanté et de son oncle Elie de Coëtquidan. Les deux hommes se chamaillent dans une maison du boulevard Arago. Ces  aristocrates déclassés ne comprennent  rien à leur époque, s’accrochent à la vie comme des naufragés, avec avarice, passions étriquées, calculs mesquins ou grotesques . Au fond, ces deux célibataires sont touchants.

Ce qui est moins drôle c’est que ce bref récit coupant, désabusé, annonçait la vraie vieillesse de l’écrivain. Passé de mode à partir dès les années 6O. (rappelons qu’il  avait été publié en Pléiade de son vivant..)  membre de l’Académie française, la solitude l’ensevelit.  Quel écrivain paradoxal   cet athée fondu de l’Empire Romain, qui avait écrit   avec ferveur sur  son enfance dans un  pensionnat   catholique. Pendant la guerre, s ce sportif épris de virilité (lire « les Olympiques »), dédaigna le pétainisme mais prit  le parti d’une victoire allemande comme si les Français avaient bien mérité la défaite. . .En 1941 en pleine Occupation, il triompha avec la pièce  « La Reine Morte » jouée à    la Comédie Française.

En 1945 Montherlant fut absous de « collaborationnisme » par le Comité national des écrivains.  Mais quand débarquèrent Beckett et Ionesco, Montherlant devint un » has been » du théâtre. Le déclin de son étoile était amorcé. C’est Gracq qui a en quelques lignes le mieux décrit le naufrage de Montherlant vieux.  

« Quand je le croisais dans la rue, ou au restaurant du Quai Voltaire vers la fin de sa vie, son regard avait l’air de vous dire clairement : » c’est vrai, je suis cette vieillesse et cette déchéance amère, et je n’en dissimule plus rien, et je suis pourtant à mille lieues au-dessus de vous, et de quiconque, et il y a une conspiration du monde pour empêcher qu’on le proclame partout à son de trompette. (..)

Plus d’une fois, j’ai pensé qu’il a dû vers la fin de sa vie être soutenu, remonté, presque uniquement, jour après jour-car il n’a pas cessé un instant d’écrire- tout comme le drogué qui recourt à sa piqure, par le seul tonique galvanisant de coulée de sa prose, aussi enivrante, aussi grisante pour les nerfs que le plus puissant des alcools : derrière le défi insolent, à demi fou, qu’on lisait dans son regard alourdi et rougi comme par les fumées du vin, il avait l’air de cuver sa dernière page. »

Tout est dit.

 Mais le constat le plus lucide de ce naufrage, c’est Montherlant lui-même qui nous l’offre dans le « Le Chaos et la nuit » publié en 1963.Il écrit :

  « Les journées sans visite, sans courrier, sans coup de téléphone devinrent interminables : elles lui donnaient la sensation de la mort. Il portait fréquemment le regard sur la pendule : comme l’aiguille avançait avec lenteur ! Quelle étendue que cinq minutes ! Naguère encore, il se disait que dans la vieillesse on doit surveiller d’autant plus son temps qu’il est devant vous plus réduit. Mais à présent il voyait au contraire que la vieillesse est l’époque du temps perdu. Car, tout lui étant devenu indifférent, qu’importait ce qu’il mettait dans les heures, ou même s’il n’y mettait rien ? Et c’est pourquoi, du matin au soir – un peu semblable à ces soldats de l’armée de Lucullus dont parle Plutarque, qui, hébétés par la chaleur, déplaçaient au hasard des pierres dans le désert d’Afrique, – il faisait n’importe quoi, en attendant de se coucher tôt pour échapper par le sommeil à la conscience de soi-même. Cette déchéance, accompagnée d’une conscience aiguë d’elle, était décrite complaisamment par le vieux monsieur à sa fille. Il y eut un échange de répliques très semblable à celui qui avait déjà eu lieu. « Tu penses toujours que tu es vieux », avait dit Pascualita. Et lui : « Comment pourrais-je penser à autre chose ? »
Ce roman est donc une autobiographie (à peine) masquée. Don Celestino Marcilla Hernandez est un Espagnol qui a lutté au temps de la guerre civile dans les rangs des républicains. Il vit petitement en réfugié politique avec sa fille, dans le XIème arrondissement. Tout au long du récit, il éprouve un mal du pays tenace. Il veut absolument revoir et retourner à Madrid avant de mourir et il guette en vain dans les journaux la fin du régime de Franco.

 Montherlant se décrit en vieux râleur, en homme blessé, dont la misanthropie grandit.  Celestino, comme Montherlant, ne comprend plus ni son époque, ni ses anciens amis, ni l’Espagne franquiste, cette Espagne  qu’il retrouvera dans un ultime voyage qui  se termine par un suicide dans une chambre d’hôtel de Madrid, un dimanche. Mais avant de se donner la mort, il assiste à une corrida magnifiquement racontée, lui-même   étant métaphoriquement le taureau.

Voici comment le critique du » Monde », P.H. Simon résuma la fin du roman dans son article louangeur :

. « Mais son séjour à Madrid approfondira encore son désespoir ; Celestino  trouve l’Espagne acclimatée et résignée au franquisme ; il découvre que le cœur de Pascualita, sa sœur,  a penché vers ce régime qu’il déteste ; la course de taureaux, par un froid dimanche de mars, non point au grand soleil mais sous une neige qui a fait de l’arène un cirque de  » merdouille « , est un affreux ratage ; deux taureaux sont moins vaincus qu’assommés par des matadors médiocres et vaniteux. La mort de la dernière bête est, pour l’âme en détresse de Celestino, une illumination :  » L’Espagne jouait la passion de l’homme sous le couvert de la passion de la bête, comme l’Église prétendait jouer la passion d’un dieu sous le couvert de la passion d’un homme (…). De plus en plus défiant et de plus en plus dupé, de plus en plus méchant et de plus en plus bafoué, de plus en plus ensemble impuissant et dangereux, voué à la mort inéluctable et capable encore cependant de mettre à mort : tel était le taureau à la fin de sa vie, et tel l’homme.  » Il reste à Celestino à se bauger dans sa chambre d’hôtel pour l’ultime épreuve d’une agonie solitaire, évoquée avec une étrange vigueur. »

 Rappelons que Montherlant s’est lui-même suicidé le 21 septembre, jour de l’Equinoxe. Il écrivit trois lettres, s’assit dans son salon dans un fauteuil dessiné par Louis David, prit dans sa main gauche une pastille de cyanure, arma son pistolet, et pressa sur la détente. Il quittait le « chaos » de la vie pour la nuit. Il répétait à ceux qui venaient le visiter : « On ne rééditera pas mes livres. Je ne serai plus jamais joué à la Comédie Frnçaise.. ». La prophétie était juste.

Le paradoxe du roman « Le Chaos et la nuit » c’est qu’il devrait être sinistre et ne l’est pas. Maitrise du style, vivacité et variété des chapitres, élan de la phrase, drôleries imprévisibles, observations cocasses   d’un piéton parisien plein d’humour sur son quartier. Les misanthropes font rire.

Montherlant multiplie donc les scènes burlesques . Elles se succèdent notamment quand Celestino   se met à toréer les pigeons d’un square parisien sous les yeux éberlués des passants, ou bien quand il observe  la rue Vaucanson à huit heures du matin, avec les « mégères » et leurs  hordes de chats faméliques ou  « les pépères faisant pisser des cabots replets ».Car Celestino, coiffé grand genre , comme Léon Blum, d’un feutre noir à larges bords  a l’imagination débordante. Il invente des plans de bataille fous, un peu comme Blondin, dans le 7° arrondissement, refaisait la bataille d’Austerlitz dans les bistrots.

Ses visions lui viennent de son expérience de combattant madrilène.  Il   voit débarquer en camion   des milices populaires espagnoles  Place de la République pour  neutraliser  le commissariat de la rue de Nazareth et prendre d’assaut des casernes de CRS. ..Sans cesse, il refait la guerre d’Espagne, reprend l’Alcazar dans son arrondissement parisien et place des mitrailleuses vers la rue du Vertbois pour faucher les franquistes. Il y a du Don Quichotte dans cet habitué des arrière-salles de café. Il entasse des articles impubliables, ou adresse des lettres aux directeurs de journaux qui ,bien sûr, les jettent au panier.

Après que les cendres des Montherlant furent dispersées sur le Forum de Rome, selon ses directives, un dernier coup fatal fut porté à sa mémoire. Ce fut la publication des deux volumes épais de la biographie de Pierre Sipriot. Le biographe révéla qu’il avait beaucoup caché ou menti tout au long de sa vie.  Dans ses postures, il y avait pas mal   d’impostures. On découvrit qu’il n’était pas si bon sportif qu’il le clamait, malgré son courage pour apprendre à toréer en Andalousie. Sipriot révélait aussi qu’il avait fait des démarches pour ne pas être envoyé dans les tranchées pendant la guerre 14.

 Dans la publication de larges extraits de ses lettres à sa mère, on voit un jeune homme cynique. Quant à sa sexualité, comme Gide, il a du gout pour les petits garçons du Maghreb, mais lui cachera soigneusement sa pédophilie.   Sans oublier sa misogynie qui éclatait dans sa série des « jeunes filles » et donne un coup de vieux à bon nombre de ses livres et essais.

Faut-il donc brûler Montherlant ?

 Surtout pas ! Relisez par exemple sa pièce « La ville dont le prince est un enfant » qui lui inspira encore, en 1969, le récit « Les Garçons ». Il décrit prophétiquement le scandale des prêtres pédophiles qui couvent en vase clos dans les collèges religieux. Sa marque, c’est qu’il   décrit tout ceci dans un style racinien austère. Il   analyse à la perfection le drame de deux enfants et d’un prêtre attirés les uns vers les autres par des sentiments où il entre de l’amitié, de la tendresse, de la charité, du désir. Drame tout intérieur, d’une admirable sobriété. Annonçait-il déjà les dérives tragiques de l’Eglise de France ? Le catholique Daniel-Rops avait déclaré, à l’époque, en découvrant cette pièce : « Ma conviction, quant à moi est faite :ne la jugeront scandaleuse que les pharisiens ».

 Angelo Rinaldi, qui admirait Montherlant, a écrit dans « Le Nouvel Observateur » en 1998.

« Montherlant a conservé la religion, comme moyen de poésie, dans une ambigüité favorable à l’essor du style et à une merveilleuse confusion des sentiments. On passe, subjugué par la liberté, l’humour et les sarcasmes charriés par une phrase au service d’une technique qui a de-ci de-là, l’élégance de se moquer du roman en général, annonçant parfois des événements qui seront oubliés en chemin. ».

27 réflexions sur “Montherlant, un oubli si injuste…

  1. La Ville a d’ailleurs été reprise. Mais il ne faut pas être injuste pour le Cardinal d’ Espagne , ni d’ailleurs Pasiphae. D’où vient le texte de Gracq? Sur l’inspiration « religieuse » de cet athée convaincu, on a aussi le jugement de De Gaulle. Montherlant a écrit « la mode c’est ce qui se démode », il se pourrait bien qu’il revienne dans la jeune génération qui sait lire: ( 30 ans approximativement). Sur ce théâtre, combien a pu peser l’ombre de l’aïeul, Millon de Montherlant, qui a signé les gravures de l’ Album Corneille des Grands Écrivains de la France ?!?

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  2. Bien plaisante critique, dear pauledel, à glisser sous le sapin et pas le boisseau. M. de « Montrelant », comme il pestait d’être ainsi nommé par un photographe chargé de l’encadrer au milieu de ses bustes romains, est il vraiment oublié ? Bruxelles jouait encore guichets fermés il y a trois ans sa « Ville dont le prince etc.. », certes imprésentable en France républicaine d’aujourd’hui où la taule guette le metteur en scène. Nous lisons et relisons « le songe » pour juger des fresques antiques à sa manière, seuls les « Carnets » et Journaux agacent pour avoir été remaniés après les événements. Certes « M. de Montherlant est un froussard » ( Gide) mais sa prose a de belles marbrures.

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  3. Pourtant je connais un fan des carnets! Remaniés les Textes d’une occupation? Pas le sentiment. …A oins qu’il n’y ait exercice de masochisme ce qui ne m’etonnerait qu’ a moitié. Ce qui passe plus mal, c’est l’émission de Boutang ou l’auteur officie avec une énorme liasse pour dire ce qui dans ses œuvres « releve de ma pensée, n’est qu’à demi ma pensée , ou pas du tout ». Comme si la critique littéraire etait restée coincée en 1860,,,, Bien à vous. MC

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  4. Pas lu tous les Carnets, cher mr. Court, mais une part se trouve amendée, antidatée de multiples rectificatifs et autres pensées précautionneuses qui agacent le lecteur désireux de voir le toréador embrocher l’événement comme il le claironnait. Green a fait pire avec son Journal.
    Simple impression d’une lecture inapprofondie, vite effacée par la belle prose ou pause.

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  5. Avez-vous remarqué que le débat semble se deplacer sur un blog voisin, avec Montherlant en position d’accusé) la dernière en date: c’est un crime que les influences espagnoles chez Montherlant. Comme si on l’avait attendu pour s’intéresser à l’Espagne et sa littérature? A ce moment là, les plagiats du Cid sont un crime et signifient que Corneille ne vaut à peu près rien!

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    • MC vous remarquerez l’élégance de Pierre Assouline qui, régulièrement, signale mon blog sur le sien!. L’effet est immédiat. Je double ou triple le nombre de visiteurs. Merci à lui.

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  6. Cette histoire de plagiat n’est destinée qu’aux voitures balais condamnées à sillonner le web pour se former, dear mr Court. Jamais lu rien de semblable à l’époque preweb et vous ? Vrai, Renato est le héraut du prestigieux blog à paul edel sur le celui du non moins prestigieux passou. Le goût de la vraie littérature sans doute, le prestige de Montherlant dépassera celui de Littell, surtout dans la tombe.

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  7. On n’arrive pas à croire que vous mettiez Montherlant plus haut que Litell… Je ne sais pourquoi, ça ne vous correspond pas , dirphil. Mais bon…, l’essentiel est que RM fasse unanimité littéraire et MS, objet d’une détestation collective pour motif d’homophobie catholique atavique (un syllogisme de l’amertume, en somme !) – Bàv,

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  8. Voyons dear jjj, nous lisons Montherlant pour la plaisir de la phrase, les esquives de sa muleta littéraire et son commerce sans illusion avec les antiques. Où peut bien rivaliser Littel chargé de son pavé d’histoire bienveillante, fortement S-emprun-té..Seuls ses écarts pornographes laissent imaginer le revers de carnets intimes que Montherlant eut le bon goût de ne pas dévoiler.

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  9. Voyons dir Phil ! vous vous désignez par un nous de majesté, ast’heure ?…
    Je n’ai pas vu que Littell eut particulièrement semprunté à Sans Prune Jorge , j’ai vu en revanche qu’il avait emprunté à beaucoup d’autres, et s’était surtout pas mal documenté…
    Mais au fait, n’est ce pas vous qui vous fîtes naguère l’enthousiaste propagandiste du journal enfin non expurgé de julien green, ce catholique de bénitier ranci, obsédé par la fellation masculine assidument pratiquée dans les sacristies ? Vous avez maintenant bonne mine de nous parler du bon goût des autocensures pornographiques de mon merlhant…
    Je vous trouve en vérité de plus en plus malsain dans votre défense d’une certaine littérature d’extreme droite à orientation sexuelle particulièrement connotée… Du genre : « on en sait long sur leurs moeurs, mais n’ayons pas le mauvais goût de nous livrer aux fulminations ordurières de notre amie ma soeur à leur sujet »… (Charonne, Morand, tout ça, quoi… sont de beaux esprits qui écrivaient si classieux, bien mieux que Céline, apparemment !)
    Bàv, dirfil et sans rancugne, et vive la nouvelle hannée bananière, hein ! 🙂

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  10. Semprun a con-sacré Les Bienveillantes comme une nouvelle vision de l’histoire, dear jjj, qui avez pourtant tout lu, fiché et relu…malheureuse prophétie pour la science historique déjà malmenée par une génération incapable de déchiffrer les archives pré-fascistes, convaincue que l’ère des cromagnons finit en 1789.
    Le journal de Green n’est pas de la même eau bénite que les Carnets de Montherlant, la confidence affleure à chaque paragraphe tandis que le toréador amateur se carapaçonne derrière son subjonctif. Green ne blasphème jamais mais exégète volontiers à son aise les textes, comme Gide arbitre à son avantage les ébats de la doxa de Marc (sans Allegret-ce) et l’amour dans le pré de JC.
    Laissons les écrivains extrêmes droite se défendre sur nos rayonnages, ils le font fort bien sans nos petites mains contemporaines incultes qui aiment y re-dé-toucher ! Voili voilà, la dinde est cuite…guten Rutsch, bonne glissade, dans la nouvelle année comme on dit en teutonie depuis l’époque pré Coca-Cola.

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  11. Vrai que cette espèce d’SS sorti de chez Visconti ne m’a jamais ensorcelé, Phil, ennuyé, oui. Vraie que la comparaison entre l’homme d’un seul livre et celui de Montherlant pourrait tourner à la confusion littelienne, n’était qu’il y a des catastrophes montherlantiennes ( je recommande particulièrement un Voyageur Solitaire est un Diable.
    Vrai , que ces écrivains, dits d’extrême droite avaient du style. Je ne suis pas fanatique de Morand et de Chardonne, mais force est de dire que, quand ils oublient leurs engagement, cela peut donner de la belle prose.!Je pense à Air Indien, écrit par un Morand qui n’a jamais mis les pieds au Pérou, ou même Claire.. Mais la. Critique que l’on nous fait, d’être subjectif, peut être retournée contre celui qui la profere, dont le catalogue de détestations est symétrique , et tout aussi irraisonné, de celui de nos Philies. Sur ce très bonne année. MC

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  12. PS. À Paul Edel. Oui, j’ai remarqué, mais comme je ne twitte jamais, j’aurais pu ne pas voir cette marque de déférence Assoulinienne, et de fait, il a fallu votre mot. J’ai la même distraction avec les librairies, je ne regarde jamais leurs vitrines ! Ce qui me joue des tours. Très bonne année. MC

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  13. Bonne année, cher Paul Edel et aux internautes habituels de votre chaine littéraire fort cultivée.
    Merci également pour votre réponse à côté, sur la nécessité de l’enthousiasme en critique littéraire !
    @ MC, évitez de me harceler indirectement pour la nouvelle année, je vais tâcher de faire de même…
    @ Belle mise au point, Phil, indéniablement classieuse et élégante, mais enfin…
    Très fructueuse année à chacun, singulièrement.

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  14. @ Semprun a con-sacré Les Bienveillantes comme une nouvelle vision de l’histoire, …
    tandis que Cl. Lanzman l’avait abominé pour les mêmes raisons… (Interdit de toucher à la Shoah, avait-il proféré, il n’y a que moi qui, etc.). J’avais préféré la réaction du premier, crois-j me souvenir, sans avoir jamais imaginé qu’aucun des deux eussent jamais été des historiens de profession, ni même des critiques littéraires…
    Mais de quoi parle t on icite, au juste ?… D’un « grand » roman ou d’une sous merde ? Bàv,

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  15. Parce que répondre à Phil constitue un cas de harcèlement ? Et critiquer les Malveillantes et leurs oripeaux viscontiens aussi? Quant à bla condamnation politique de ces écrivains et leur réhabilitation, l’exemple de Richard Strauss vient à l’esprit, même si en comparaison, c’étaient des petits maîtres….il ridiculise davantage les censeurs de notre temps qu’il ne leur porte atteinte. Et Le constater serait vous harceler????il y a des limites et là vous les dépassez en intervenant dans un échange qui ne vous concerne pas.

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  16. @ dear jjj, qui avez pourtant tout lu, fiché et relu ….
    Et non point…, nous ne lisons ni ne fichons certainement pas les mêmes auteurs et autrices, voilà tout, … comme vous le verrez dans ce fichier de mes lectures chronologiques les plus hétéroclites de l’année écoulée (si PE me permet de l’y joindre ou ne censure la place prise par ce message). Vous y verrez combien les Montherlant, Céline, Morand, Chardonne, Green et consorts y brillent par leurs absences… Bàv,
    ———-
    Abel QUENTIN Le voyant d’Étampes 2021
    Michel HOUELLEBECQ anéantir 2022
    Jean-Yves JOUANNAIS Artistes sans œuvres, I would prefer not to 1998
    Romain LUCAZEAU La nuit du faune 2021
    Bruno LATOUR et Nikolaj SCHULTZ Mémo sur la nouvelle classe écologique 2022
    Laurent NUNEZ Le mode avion 2021
    Éric MARTY Le sexe des Modernes, pensée du Neutre et théorie du genre 2021
    Thomas MANN Sang réservé 1921
    Thomas MANN Désordre et jeune souffrance 1925
    Gilles FAVAREL-GARRIGUES & Laurent GAYER Fiers de punir, le monde des justiciers hors-la-loi 2021
    Nicolas MATHIEU Connemara 2022
    Éric VUILLARD Une sortie honorable 2022
    Haruki MURAKAMI Première personne du singulier (nouvelles) 2022
    Philipp MEYER American Rust / Un arrière-goût de rouille 2010
    Liora ISRAËL À la gauche du droit – Mobilisations politiques du droit et de la justice en France (1968-1981) 2020
    Pascal QUIGNARD L’amour la mer 2022
    Erich KASTNER Vers l’abîme (Fabian, l’histoire d’un moraliste) 1931
    Jean-Philippe TOUSSAINT La disparition du paysage 2022
    Philippe PICHON Le ciel ne fait pas l’ombre d’un regard (versets et fragments) 2022
    Claude SIMON Les Géorgiques 1983
    Alain FINKIELKRAUT L’après littérature 2021
    Fédor DOSTOÏEVSKI Souvenirs de la maison des morts 1860
    Quentin DELUERMOZ & Pierre SINGARAVÉLOU Pour une histoire des possibles,
    analyses contrefactuelles et futurs non advenus 2016
    Frank CONROY Corps et âme, l’enfant prodige 1993
    Volodymyr ZELENSKY Pour l’Ukraine 2022
    Didier CATINEAU Un esprit saintongeais 2022
    Geneviève PRUVOST Quotidien politique, féminisme, écologie et subsistance 2021
    Sylvain TESSON Noir, textes et dessins 2022
    Thomas MANN La mort à Venise ; Tristan ; Le chemin du cimetière 1912 1903 1900
    Georges BANU Les récits d’Horacio, Portraits et aveux des maîtres du théâtre européen 2021
    Olivier MAK-BOUCHARD Le dit du mistral 2020
    Mohamed MBOUGAR SARR La plus secrète mémoire des hommes 2021
    Arthur RIMBAUD Premiers écrits – Les cahiers de Douai – Poésies 1870-1871 – Album Zutique – Poésies 1872 – Les déserts de l’amour – Une saison en enfer – Illuminations 1870-1875
    Christopher PRIEST Rendez-vous demain 2022
    Orhan PAMUK Les nuits de la peste 2021
    Goliarda SAPIENZA Lettre ouverte 1967
    Horace Mc COY Un linceul n’a pas de poches 1937
    Pierre LASCOUMES L’économie morale des élites dirigeantes 2021
    David GOODIS Sans espoir de retour 1956
    Jim THOMPSON Ville sans loi 1957
    Mona OZOUF Composition française, retour sur une enfance bretonne 2009
    Louis CALAFERTE C’est la guerre 1993
    Pierre PATROLIN La traversée de France à la nage 2012
    Claude SIMON Le vent. Tentative de restitution d’un retable baroque 1957
    Virginie DESPENTES Cher connard 2022
    Franck THILLIEZ LUCA 2020
    Pierre LEMAITRE Le Grand Monde, I 2022
    Léon TOLSTOÏ Ce qu’il faut de terre à l’homme (nouvelle) 1886
    Emmanuel CARRÈRE V13, chronique judiciaire 2022
    Colm TÓIBÍN Le magicien (roman) 2022
    Julie OTSUKA La ligne de nage 2022
    Antoine de SAINT-EXUPÉRY Terre des hommes 1939
    Gérard GAROUSTE (+ Judith Perrignon) L’Intranquille 2011
    Daniel DE BRUYCKER Silex, la tombe du chasseur 1999
    Franck BOUYSSE L’homme peuplé 2022
    Antoine WAUTERS Mahmoud ou la montée des eaux 2021
    Stephen KING L’Outsider 2018
    Carole GAYET-VIAUD La civilité à l’épreuve, les formes élémentaires de la coexistence démocratique 2022
    Nell LEYSHON La couleur du lait 2012
    Nathan DEVERS Les liens artificiels 2022
    Pierre NORA Une étrange obstination 2022
    Russell BANKS Oh Canada 2020
    Pip WILLIAMS La collectionneuse de mots oubliés 2021
    Nathalie COHEN Un fauve dans Rome 2021
    Étienne DAVODEAU Le droit du sol, journal d’un vertige 2021
    Guiliano DA EMPOLI Le mage du Kremlin 2022
    Maria POURCHET Feu 2022
    Vincent LA SOUDIERE Brisants 2003
    Vincent LA SOUDIERE / S. Massias – Eschaton, ici finit le règne de l’homme 2022
    _________

    J’en profite pour remercier Paul Edel, pour m’avoir fait aller au fil de ses diverses chroniques à quelques nouvelles découvertes : Kastner (++++) ; Mc Coy (++) ; Goodis (-) et Thomson (-) … et pour son enthousiasme au sujet de Simon (++++) et Calaferte (++++), déjà bien pratiqués, mais toujours redécouverts avec une intense émotion…
    En dehors de ça, et en résumé, je dirai ceci de mon bilan carbone 22…
    Des bouquins les plus marquants et très estimés : Despentes ; Simon ; Calaferte ; Raimbaud ; Sapienza ; Conroy ; La Soudière… Des essais les plus forts et émouvants : Latour ; Deluermoz-Singaravélou ; Jouannais ; Pruvost ; Banu ; Ozouf ; Marty – Et de mes lectures les plus décevantes : Pamuk ; Lucazeau ; Toibin ; Tesson ; Garouste ; Patrolin

    Bon, j’espère que 2023 nous/m’ apportera du bien meilleur, de la nouveauté et surtout, des réparations dans mes considérables « manques scolaires ».. Et donc, peut-être un changement dans cette maudite impatience de la recherche de la nouveauté gisant au fond de l’océan qui m’a souvent entravé : m’obliger à relire avec moins de prévention ce qui m’avait déplu de par le passé et à côté de quoi je passa l’éponge… Qui sait s’il n’y aurait pas là comme une nouvelle aventure de lecteur, si par une nuit d’hiver ce voyageur voulait bien poser ses valises ?

    Bàv,

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  17. Excusez moi d’intervenir dans vos échanges, cher MC, j’avais cru que vous me visiez… à travers cette flèche et d’autres, antérieures :
    (CC) « Mais la. Critique que l’on nous fait, d’être subjectif, peut être retournée contre celui qui la profere, dont le catalogue de détestations est symétrique , et tout aussi irraisonné, de celui de nos Philies ».
    Bàv,

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  18. Je n’arrive pas à comprendre si MC, flanqué de deux icones différentes sur ce blog, est toujours le même ou s’il ne (se) serait pas usurpé, par hasard… (ma paranoj habituelle).Etc. Bàv,

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  19. Qui ne voit que cet argument dit de sensibilité peut-être retourné contre vous-même ?????Mais c’est à Phil que je ´adressais, au risque de me répéter…..

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  20. dans le « Le Chaos et la nuit » publié en 1963, Il écrit :
    « Les journées sans visite, sans courrier, sans coup de téléphone devinrent interminables : elles lui donnaient la sensation de la mort. Il portait fréquemment le regard sur la pendule : comme l’aiguille avançait avec lenteur ! Quelle étendue que cinq minutes ! Naguère encore, il se disait que dans la vieillesse on doit surveiller d’autant plus son temps qu’il est devant vous plus réduit. Mais à présent il voyait au contraire que la vieillesse est l’époque du temps perdu. Car, tout lui étant devenu indifférent, qu’importait ce qu’il mettait dans les heures, ou même s’il n’y mettait rien ? Et c’est pourquoi, du matin au soir – un peu semblable à ces soldats de l’armée de Lucullus dont parle Plutarque, qui, hébétés par la chaleur, déplaçaient au hasard des pierres dans le désert d’Afrique, – il faisait n’importe quoi, en attendant de se coucher tôt pour échapper par le sommeil à la conscience de soi-même. Cette déchéance, accompagnée d’une conscience aiguë d’elle, était décrite complaisamment par le vieux monsieur à sa fille. Il y eut un échange de répliques très semblable à celui qui avait déjà eu lieu. « Tu penses toujours que tu es vieux », avait dit Pascualita. Et lui : « Comment pourrais-je penser à autre chose ? »

    terrible et d’une tristesse …. – impression d’être à l’intérieur de mon père depuis qu’il est seul …
    Mon père ne me parle toutefois pas ainsi. Il est plus incisif, parfois plus amer et direct. et nos rapports sont plus âpres. Mais je l’ai regardé aller d’une pièce à l’autre, une journée après l’autre. et les minutes semblaient bien s’égrener de la sorte. Il s’adresse parfois aux objets, à des absents. je ne sais pas ce qu’il pense … Je ne peux me mettre à son rythme, au niveau de ses difficultés, de ses limites, de ce qui est irrémédiablement derrière lui. Nous ne vivons pas dans le même monde. et quand nos mondes se rencontrent, soudain, il y a tantôt étincelles, tantôt tensions, parfois tendresse et sourire mais fugacement. Je ne sais pas où il vit, à quels souvenirs il s’attache.
    mais ce qu’écrit Montherlant raisonne en moi très fort.

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