Récemment, une commentatrice, Margotte, a parlé d’un roman de Heinrich Böll, prix Nobel (1917-1985), » La grimace » qu’elle venait de lire.
Dans ce roman publié en 1963, qui obtint un immense succès à l’époque en Allemagne, et créa des polémiques, Böll intervenait directement dans un débat politique capital. Il mettait un scène un clown de 27 ans, athée, Hans Schnier, qui y trouvait « l’air catholique » irrespirable en Rhénanie, entre Bonn et Cologne, sa ville natale.

Aujourd’hui, quand on lit ce roman ironique, voltairien, grinçant on a du mal à comprendre les enjeux et la question brulante que le roman posait au début des années soixante, dans la République Fédérale allemande du Chancelier Adenauer, dont la capitale politique était justement dans cette paisible ville au bord du Rhin, Bonn..
Il y avait, depuis la fin des années 50, des querelles violentes opposant la Socialistes (pour une laïcité ouverte) et les Chrétiens-démocrates-au pouvoir- (la CDU associée à la CSU bavaroise en protégeant les écoles confessionnelles) qui regroupait les deux grandes « Länder » catholiques, à savoir, la région de Rhénanie, et la région de la Bavière. Ces deux citadelles du catholicisme allemand dirigeaient le pays. Or, les socialistes du SPD, menaient une bataille pour réformer l’éducation qu’elle se démocratise, s’ouvre à tous et ne reste pas un privilège réservé à un élite dominée par l’enseignement catholique C’est donc sur fonds de cette querelle que Böll construit son roman. En qualité d’homme de Gauche humaniste, toujours du côté des classes populaires Böll se bat évidemment pour une université et des ouverte à tous. Il veut casser cet entre-soi catholique d’une grande bourgeoisie qui se réserve et s’adjuge les meilleures filières.
Ne pas tenir compte de ce contexte nous prive d’apprécier le ton persifleur si réussi de ce roman polémique.
Ce qu’il faut aussi savoir c’est que, à cette époque comme dans la nôtre, un catholique allemand est obligé par la loi à régler un impôt à son Länder. Il y a encore aujourd’hui un pouvoir fiscal de l’Eglise, ce qui nous semble à nous français, stupéfiant. Dans ces Länder catholiques, donc, l’Eglise lève un impôt auprès du fidèle. Cet argent versé contribue à hauteur de 7à 9% au fonctionnement global des Länder. Une large partie est destinée à entretenir et développer les écoles confessionnelles, les comités caritatifs, etc.,
Mais ce que vise Böll c’est une ambiance générale, un climat de privilège,une domination morale de la CDU adenauerienne qui s’acharne à reconstruire des valeurs et des normes qu’il juge, lui, l’écrivain, asphyxiantes pour les jeunes générations. Et en particulier l’encadrement strict de la sexualité des femmes (pas de sexualité hors mariage, interdiction de l’avortement, condamnation de l’homosexualité, surveillance des mouvements de jeunesse etc. etc.) C’est donc quelque chose de bien concret, cette intrusion du catholicisme dans la vie de chaque citoyen, cette imbrication du religieux et du politique, cet « air catholique » qu’on respire partout dans cette région, le long du Rhin entre les notables, les dirigeants politiques, et qui est selon Böll une tartufferie.

Entrons dans les détails de cette « grimace » .
Il faut d’abord noter que le titre allemand « Ansichten eines clowns » est précis dans son orientation : « Opinions d’un clown » Le roman est un monologue. C’est uniquement la parole du seul personnage de Hans que le lecteur entend.. Le héros, clown, raconte ses malheurs conjugaux et sa solitude quotidienne, dans une Allemagne de l’ouest fière de son miracle économique et de son conformisme béat et son refus de liquider le passé nazi.. La bourgeoisie catholique rhénane impose sa bonne conscience. Le livre s’ouvre, avec ce Hans qui sort de la gare de Bonn. Il a un genou abimé (il est tombé ivre sur scène) des spectacles n’ont plus de succès, il ne fait plus rire ses publivs, il picole , il n’a plus d’argent. La cause ? Le départ de son unique grand amour, Marie la tendre, la catholique génereuse, qui s’est enfuie du domicile c pour vivre avec un autre catholique. Ce clown athée, fils dévoyé d’une haute bourgeoisie d’affaires catholique, richissime (la fameuse lignée Schnier qui exploite la lignite dans la région Rhénane) est donc un artiste « déclassé » aux yeux de ses parents car ils ont honte de son métier comique, de sa révolte athée, et aussi de son navrant « concubinage » qui a duré 6 ans .
Hans, dans sa déprime, a l’imagination fertile. Il voit déjà Marie à Rome, reçue pour une audience papale avec son nouveau mari, bon petit couple devenu puant de conformisme.
Hans rentre donc dans son triste appartement désert, claudiquant avec un genou mal en point, il s’enfile des verres de cognac sortis du frigo, se tasse dans des bains trop longs, rumine sa déchéance , ses échecs .Physiquement , il est mal ficelé dans un peignoir taché par le café qu’il renverse aussi sur ses chaussons .Un seul recours, le téléphone. Pour s’expliquer, se justifier, récriminer, aussi réclamer un peu d’argent, auprès de son imprésario, de son frère, de ses anciens amis de jeunesse qui « eux » ont réussi, plaider sa cause auprès de ses parents qui le méprisent et restent impitoyables. . Disons-le tout net : ce clown verse trop souvent dans l’auto-apitoiement, et c’est tout l’art nuancé de Böll de ne pas faire de son héros en pleine débine le représentant et l’imagerie d’Épinal du Bien contre le Mal du reste de l’humanité. L’alcoolisme, le narcissisme du Clown ne sont pas cachés
Mais son chagrin ne l’ empêche et ses plaintes ne l’empêchent nullement de balancer des vérités savoureuses, et de garder une lucidité su les travers de la haute bourgeoisie allemande, sur Bonn capitale politique et son « climat pour rentiers »
.Là, Böll est très fort pour montrer par des centaines de petits détails concrets le philistinisme de sa famille, de ses amis, et la médiocrité morale d’une bourgeoisie qui cache sous de belles paroles de charité un égoïsme absolu. Les morceaux d’anthologie sont constitués par une conversation téléphonique avec la mère, une visite du père dans l’appartement, des aperçus sur la jeunesse de Hans avec son frère Leo(excellentes scènes) , et surtout les souvenirs mélancoliques, fragiles, embués de tendresse, de sa rencontre et de sa vie passée avec Marie. Savoureuses aussi sont les évocations des réceptions mondaines de la Droite entre politiques, députés ,prélats, et généraux qui étalent finement une comédie de l’hypocrisie suave de ceux ayant sans cesse à la bouche des valeurs religieuses qu’ils veulent imposer au reste du pays.
Böll nous rappelle au passage qu’ une partie du gouvernement de cette société qui veut reconstruire spirituellement et culturellement le pays est aussi constituée d’anciens nazis recyclés, des « collabos » bien répertoriés recyclés désormais dans les valeurs cathos du jour .Ne sont épargnés ni les ministres, ni les rédacteurs, ni les comités centraux catholiques, ni les fédérations nationales .Les discussions théologico-sociologiques sont pleines de verve.

La lucidité ironique de ce clown fait merveille dans la drôlerie amère, distillée par petites touches dans les dialogues. En a un bon exemple quand le clown discute avec Kinkel, une éminence grise du catholicisme allemand, qui est soupçonné d’avoir placé chez lui en ornement de belles madones anciennes volées dans des églises baroques de Bavière.C’est un homme pétillant de bonne humeur. Il demande au clown : « Qu’est-ce qui ne va pas ?
-Les catholiques me rendent nerveux, dis-je. Parce qu’ils ne jouent pas le jeu.
-Et les protestants ? demanda-t-il en riant.
–Ils me rendent malade avec l’étalage de leurs éternels problèmes de conscience.
-Et les athées ?
-Ils m’ennuient parce qu’ils ne parlent jamais que du bon Dieu.
–Et vous alors, qu’êtes-vous au juste ?
-Je suis un clown, dis-je, et pour l’instant meilleur que sa réputation. Mais il existe une créature catholique dont j’ai terriblement besoin : Marie, et c’est précisément elle que vous m’avez enlevée.
-Absurde Schnier ! Renoncez une bonne fois à cette idée de rapt. Nous vivons au vingtième siècle que diable ! »
Böll met aussi en évidence ses jeunes années sous le nazisme avec des épisodes traumatisants d’une enfance stricte, austère, répressive, avec des parents tournés vers l’argent et le culte du « chef », image d’une bourgeoisie que Sartre décrivait impitoyablement dans « l’enfance d’un chef ».

Ce qui intéresse chez Böll c’est qu’il est lui-même t proche d un catholicisme de Gauche, très marqué par le français Bernanos- sa grande découverte. C’est donc un bernanosien plein de colère qui tient la plume contre ce qu’il appelle les « catholiques sociologiques » pour qui l’église est une machine de guerre contre le revendications populaire, oublieuse du sort des pauvres .Le catholicisme qu’il combat est celui d’opportunistes et d’affairistes qui se servent de l’Eglise et de la complicité active du haut clergé pour se placer au sommet de l’Etat .Chaque roman de Böll attaquait ainsi une partie de l’establishment de Droite de la RFA.
Le grand critique littéraire Reich Ranicki(lui qui tantôt admirait un de ses livres, puis détestait le suivant) s’est demandé si on lira encore Böll dans le siècle prochain, tant ses écrits et ses combats politiques sont liés à une actualité qui a disparu. Bonne question.
On se souvient du combat de Böll contre la presse à scandale Springer dans » l’honneur perdu de Katharina Blum », devenu un beau film de Schlöndorff. Ce récit et ce film sont étudiés aujourd’hui dans tous les lycées du pays comme exemplaires d’une dénonciation des ravages d’une certaine presse.

Böll, prix Nobel- comme l’autre écrivain de Gauche Günter Grass- est-il si éloigné de nous ? Je n’en suis pas sûr. Pour preuve : quand j’ouvre cette semaine le journal « Le monde », j’apprends par le correspondant en Allemagne, et précisément à Cologne, qu’un grand nombre de catholiques allemands fervents se rendent dans les tribunaux pour notifier leur « sortie » officielle de l’église ; c’est une obligation administrative de nature fiscale. Ces cathos refusent désormais de payer leur impôt à l’Eglise, à cause des scandales d’abus sexuels couverts depuis des années(comme en France) par la hiérarchie catholique, notamment à Cologne ,par le cardinal Woelki. En Bavière, même chose. Cela remonte jusqu’à Rome, car le pape émérite Benoit XVI , Ratzinger, , bavarois, aurait dissimulé des cas de la pédocriminalité dans l’archidiocèse de Munich.
Böll prophétique ? Il avait déjà, avait déjà diagnostiqué en son temps(1963) les germes des maladies morales souterraines du catholicisme dans sa région.
merci Pual pour ce nouvel éclairage sur Heinrich Böll et le contexte de son roman « la Grimace »…
Au sujet de de trait « un bernanosien plein de colère qui tient la plume contre ce qu’il appelle les « catholiques sociologiques » pour qui l’église est une machine de guerre contre le revendications populaire, oublieuse du sort des pauvres .Le catholicisme qu’il combat est celui d’opportunistes et d’affairistes qui se servent de l’Eglise et de la complicité active du haut clergé pour se placer au sommet de l’Etat » (dites-vous) … je dirais, sans vouloir polémiquer, et tout en prenant quelque distance avec votre optimisme… : de même qu’il n’y a pas de « capitalisme rhénan (weberien) » dissocié d’un « capitalisme anglo américain », je ne pense pas qu’il y ait plusieurs sortes de catholicismes (en dépit de leur s infinies variations historiques)… Ce que Böll appelait « catholiques sociologiques » (nos « tala », dans la France de Versailles) m’a tout l’air de ressembler à tous les autres. Ces variantes de christianisme en leur Génie chateaubrianesque, furent toujours peu ou prou des religions affairistes et opportunistes, et cela sous tous les cieux… Seul un certain romantisme relatif aux dits « théologiens de la libération » a fait accroire un temps à un possible catholicisme émancipateur des masses opprimées par l’opium habituel, mais on na jamais vu nulle part ses ses effets empiriques où elle est née…
Il est étonnant qu’un Boll fasse dire à un clown se déclarant athée qu’il ne parle que de Dieu…
En est-on toujours là, dans le débat Bernanos/Peguy, ainsi transposé dans la Germanie d’il y a un demi siècle ? Et en quoi l’Eglise catholique pédophile d’aujourd’hui, irait-elle suffire à revivifier le message de Böll ? Je me le demande un brin et rreste sceptique, mais cela n’a pas de grande importance.
Bien à vous, Paul.
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« Et en quoi l’Eglise catholique pédophile d’aujourd’hui, irait-elle suffire à revivifier le message de Böll ? »
haha Janssen, je remarque simplement que dans le roman de Böll -qu’ il faut lire ligne à ligne tant il est subtil – l’obsession de l’église à l’égard de la sexualité, et de « la chair » est bien mis en evidence par Böll et la volonté de domination et de contrôle des prêtres sur leurs ouailles. Oui, cet « air catholique »(expression de Böll)_ irrespirable se situe à Bonn, dans le début des années 6O. je le répète UN moment clé en politique allemande. une aprtie des catholiques rhénans eux mêmes ressentent à nouveau en 2022 un malaise (comme le clown ) et sur les lieux mêmes et ils le manifestent. Car j ai bien précisé qu ‘il s’agit du catholicisme rhénan! tout au long du livre. Je ne parle pas de l’église dans le monde ABSOLUMENT PAS.. il faut aussi savoir que la fierté de beaucoup de catholiques rhénans, ce fut d avoir eu sous le nazisme, un évêque résistant au nazisme .. et pas mal de prêtres rhénans furent à la pointe du combat contre le nazisme. Böll en a été marqué.. c’était à l’époque une toute autre chanson en Bavière…. tout ça revient en boomerang 59 ans plus tard..Mais je précise, je ne parle pas de tous les cathos, mais d une situation géographique et politique allemande à un moment historique donné. L’ article de Thomas Wieder dans le monde daté du 28 janvoer est éclairant sur ce qui se passe à Cologne aujourd’hui ..toute generalisation il faut vraiment s en méfier. c ‘est comme ceux qui, dans une conversation disent « les femmes. » les hommes » « les cathos ».. les communistes ».. là, on sait qu’on va dans le mur..
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Frappé par la ressemblance du Böll sur la première photo avec le comédien Bruno Ganz… ! Je sais pas, vous…
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@ là, on sait qu’on va dans le mur…
Deux ans après sa construction, chai pas s’il avait la prescience que le clergé rhénan et ses ouailles serait à ce point divisé… Bon, je vous charrie un peu, certes, et reconnais avoir un brin généralisé, mais il faut prendre ses distances avec de tels sujets braisés, et de la hauteur à Cologne, notamment, où on assiste juste un épiphonème sans grand lendemain. Les influences de Calvin et Luther sur Max Weber et du vieux distinguo de Michel Albert, bon, OK, c’est peut-être encore d’actu chez quelques politistes et économistes férus de l’histoire des idées, quant à l’influence des écrivains allemands chrétiens humanistes de gauche nobélisés dans les années 60, mouais… On peut toujours s’accroire. Mais moi, non, Paul.
Pardon d’avoir été trop court sur le sujet, Marc… Je ne compte pas trop y revenir, ce faisant. Mes excuses aux interlocuteurs habituels bien plus légitimes et qualifiés es histoire littéraire, sur cet espace de grande qualité. Et je dis bien sincèrement.
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Peut-on dire que cet impôt est si je ne m’abuse une conséquence du kulturkzmpf de Bismarck? Quand à qualifier Boll de Bernanosien, je ne sais si ce dernier apprécierait .
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pour être précis, ça me fait plutôt’ penser à Green et à sa « Lettre ouverte aux catholiques de France » explicitement dirigée contre la religion- héritage qui ne vit plus , et les grandeurs d’établissement auxquelles elle donne lieu..,
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Merci pour ce long billet : c’est très gentil.
« Là, Böll est très fort pour montrer par des centaines de petits détails concrets le philistinisme de sa famille, de ses amis, et la médiocrité morale d’une bourgeoisie qui cache sous de belles paroles de charité un égoïsme absolu »
Bien vu, bien dit. D’où, selon moi, son actualité quand bien même les motifs et évènements qui ont présidé à l’écriture du roman s’éloignent : nous n’en n’avons pas terminé avec la médiocrité bourgeoise …
Le hic très bête : j’ai égaré hier, je ne sais où, mon exemplaire de La grimace à moitié lu (dégoûtée).
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Je signale pour ceux qui s’intéressent à Böll, qu’il y a un personnage proche du clown Hans Schnier, c’est Leni, la jeune femme désemparée dans « portrait de groupe avec dame » (1971). Leni traverse la seconde guerre mondiale avec quelque chose de décalé, donnant l’impression de ne pas se sentir impliquée, elle est politiquement et poétiquement déphasée par rapport ce qui se passe dans son pays en temps de guerre et de crise des valeurs, c’est même à la limite du trouble de la personnalité.
Mais ça n’empêche pas Böll de réussir, comme souvent, chez lui un portrait de femme , tout en nuances et pointes de tendresse .là encore, comme dans « la Grimace, » un personnage se dépouille de tout faux semblant et devient vrai dans la crise et le dénuement. C’est aussi une réflexion sur la capacité de l’individu à résister aux dérives totalitaires de l’époque. Là, une multiplication des personnages donne un coté panoramique sociologique intéressant. Réflexion aussi sur ceux qui tombent dans la débine. Le personnage de Leni atteint sa vérité intérieure au gré des circonstances, des difficultés, cernée qu’elle est par les égoïsmes des petits ou grands bourgeois, le pathétique panurgisme intellectuel, et la démission du grand nombre devant le nazisme. Le bon cœur de Leni s’exprime dans les épisodes où elle aide une jeune juive Rachel réfugiée dans un couvent, lui apportant réconfort, nourriture et cigarettes. Je ne cacherai pas non plus que ce roman est écrit dans un style laborieusement distancié et qui se veut « sociologique » avec pas mal de raideur. . Soyons clair, il n’a pas l’allant vengeur de « La grimace » ni l’extraordinaire ironie triomphante et si jubilatoire de « Les deux sacrements » à la construction parfaite. (1959), le vrai sommet de ce qu’a écrit Böll et à lire en premier. A bientôt.
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alors ça pauvre Margotte c’est pas de Böll
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Les livres se cachent toujours quand on les cherche, Margotte, surtout quand on a brusquement besoin d’eux. Il y a là dedans un peu d’amour déçu façon « Ah tu as calé sur mon auguste texte? Tu vas voir quand tu en auras besoin ! Je ne suis pas à ta disposition, tu sais, et tes classements sont faillibles…,
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je crois plutôt, MC, qu’ils se cachent ou se dérobent par peur qu’on leur fasse dire ce qu’ils ne contiennent pas… Les livres de papier désirent le plus souvent qu’on les laisse tranquilles, ils se sentent toujours violentés comme les femmes d’être ouverts sans précaution et sans leur consentement. Voilà ce qu’ils pensent… Ils bénissent la révolution numérique…
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Oh non! Le phénomène est bien antérieur à ladite révolution ! Les livres sont capricieux. Ils peuvent se mettre sur votre chemin pour vous fournir un renseignement / cas de cet in quarto vélin trouvé passage Verdeau et répondant en s’ouvrant à la bonne page -il y en a 400- à mes questions du moment pour un article, ils peuvent se cacher au point que j’ai dû racheter l’un d’eux en tirage hollande alors que je l’avais en tirage normal, mais introuvable. Le Journal du Comte de Hérisson sur la Commune s’est fait ainsi porter pâle. Peut-être se souvenait-il de mes réflexions sur son mauvais papier. Ce n’est pourtant pas le témoignage le plus défavorable! Bien à vous. MC
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@ MC (et PE)… Je vous sais être des fans d’Eco et Carrière, mais je crois qu’ils se sont trompés de leur vivant, et que leur défense des supports papier n’était qu’un acte de conjuration, un combat perdu d’avance…, à très moyen terme. Nous mourrons au cœur de nos bibliothèques de papier que nos descendants (s’il en reste) s’empresseront de brûler pour cause d’encombrement de leur propre espace vital. Hélas. Mais c’est ainsi, MC, que vous le vouliez ou non, il faut faire preuve de lucidité… même si c’est bien triste pour la « parenthèse Gutenberg ». Cinq siècles, franchement, ils nous auront certes bien occupé…, mais enfin, qu’est-ce que c’est ?!… Bien à vous,
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On l’a dit pour les microfilms, et ils ont mal vieilli, sont devenus cassants. Qui vous dit que les supports numériques sont voués à l’éternité ? Le problème se pose déjà avec le cinéma où il faudrait filmer les films numériques pour en garder une trace durable, ce qui se révèle infaisable! Prudente, la BNF ne croit pas déchoir en reimprimant des textes rares. Fut- ce sur un papier a peine correct. En Inde , Gyan Books entre autres fait de même en luxe pour la spiritualité du Dix-Septieme avec des textes très rares. Non , il y a des raisons d’espérer au-delà de ce Gutemberg mythique, largement recréé au Dix_neuvieme rhabille avec les oripeaux du génie romantique, façon l’Imagier de Harlem ,et promu grand homme sans avoir été un génie… Bien à vous. MC
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Allons donc, MC !… Un peu d’honnêteté intellectuelle minimale, SVP… Qui parle de supports numériques pour l’éternité ? Epargnez-moi cette petite leçon sur le mythe dix-neuviémiste revisité dit de la « révolution Gutenberg »… Cette rhétorique commence un brin à tourner au procédé systématique sous votre plume ces derniers temps, me semble-t-il, Troqueriez-vous votre habituelle posture d’historien positiviste érudit ayant réponse à tout, par celle de l’historien hyper « constructiviste » faisant flèche de tout bois, pour avoir le dernier argument d’autorité ?… Voyons d’honc, pas de ça avec moi, merci… Bàv , J J-J.
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JJJ vous me faites dire ce que je ne dis pas.Je n’ai pas dit que le livre était voué à l’éternité mais que les deux supports invoqués, eux, ne l’étaient pas. Maintenant Je vois ici des livres dont les plus anciens ont plus de 400 ans, et qui se tiennent on ne peut mieux. Vous conviendrez alors qu’ on peut avoir un préjugé favorable envers ce support, et pleurer certains changements chimiques dans le papier qui condamnent à la disparition des pans entiers de notre littérature. Je suis désolé de voir que vous avez pris un clin d’œil pour une Fleche, mais il me semble de plus en plus important de voir, aussi et pas que, la fabrique de l’Histoire et de ses mythes. J’ai mentionné cette reelaboration via Nerval et Mery comme un constat, et non pas dans l’absurde désir d’avoir le dernier mot. Je vous laisse la responsabilité de votre analyse sur l’historien positiviste érudit devenu « constructiviste ». J’en fais peut être mais comme Mr Jourdain, sans le savoir. Le constructivisme étant pour moi restreint au Palais de Chaillot. Passez une très bonne journée . MC ( qui commence à se lasser des procès d’intention…)
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…dans ces conditions, si vous êtes las, cher MC, cessez de relancer les gens en vous « justifiant »… Vos clins d’oeil sont de moins en moins évidents à sentir, il faut mettre 🙂 et vous avez encore oublié de le faire avec le Palais de Chaillot, à moins qu’il vous bouche la vue architecturale… Vous êtes bien à plaindre alors. Cessons là, SVP, merci, je passe une très bonne journée. Retour à Heinrich Böll, ad’honc. Bàv
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un p’tit hommage à Monica Vitti ?
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Si on parcourt les nécrologies de Monica Vitti dans les quotidiens italiens on insiste beaucoup sur le fait que « la » Vitti c’était d’abord une comédienne remarquable dans un registre comique, surtout avec le chef-d’œuvre de Dino Risi et son « drame de la jalousie » .visiblement on préfère se souvenir d’elle enjouée avec sa voix rauque, filmée par Monicelli et Scola Tout se passe comme si les sifflets qui ont accueilli la projection à Cannes, en 1960, de ‘l’Avventura « n’étaient pas complétement effacés ,et comme si une partie de la critique comme une partie du public italien n’avaient jamais complétement apprécié les films sur l’ennui existentiel qu’elle interprète dans les films d’Antonioni surtout « la notte » 1961, ou « l’éclipse » 1962. J’ai souvent entendu des italiens lever le yeux au ciel et faire facilement un jeu de mots sur Antonioni » « antoniennui » car les états d’âme angoissés, l’instabilité sableuse des sentiments dans sa période antonionesque ont déconcerté ; d’autant que le visage fermé de Monica Vitti , filmé sous toutes les coutures par Antonioni, gardait quelque chose de distant, de réservé, d’énigmatique, quelque chose de lisse, presque de japonais et ça déstabilisait un public italien habitué aux comédiennes plantureuses, vives, joyeuses, légères. Ce public adorait plutôt pour modèle la pétulante Anna Magnani ou la tendre Stefania Sandrelli de « Nous nous sommes tant aimés » (film qui d’ailleurs se moque de la Monica Vitti tourmentée en crise existentielle de ces années « avventura ») Enfin en Italie, pour parler de la lutte des classes, du divorce, de la justice, ou de la misère populaire, on préfère le regitre affreux sales et méchants de la grande comédie avec l’âge d’or des Gassman, des Sordi, des Tognazzi.. Enfin, il m’a toujours emblé comprendre ça en bavardant avec les romains.
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Mais enfin qu’est ce qu’un » historien positiviste érudit devenu constructiviste?! »Je ne crois pas avoir un atome de positivisme au sens comtiste dans ma pensé e , quant au constructivisme, si vous entendez par là la construction des mythes, d’accord, mais il faut y ranger aussi de Certeau et quelques autres qui ne l’ont pas revendiqué. Le sabir employé ici m’empêche de vous comprendre et même de m’y reconnaître. Vous m’en voyez désolé , mais lvotre anathème ne résoudra rien.
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Oui, moi qui ne suis pas italien, ai toujours trouvé les films d’Antonioni ennuyeux, et rien de particulièrement remarquable chez l’actrice Monica Vitti. Cela dit, je regrette qu’elle soit décédée. et qu’il ait fallu attendre cet événement pour évoquer sa carrière d’actrice de cinéma. Je ne crois pas me souvenir qu’elle ait tourné dans un film inspiré d’un roman d’Heinrich Böll, mais je peux me tromper. Merci pour vos éclairants bavardages romains. Bàv,
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@JJ Janssen
Et à part ça ? ça va ou ça va pas ?
Je voudrais pas dire mais on dirait de plus en plus le schtroumpf grognon. Ici du moins (ailleurs sur la toile et … dans votre vie, je ne me prononcerai pas).
Moi j’adore Monica Vitti … et je crois que vous exagérez quant à la manière dont les cinéphiles et gens de cinéma la sous-estimerait.
Bon. et vous, quelle actrice, alors ?
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>> la sous-estimeraient
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Les critiques et spécialistes français ont en effet régulièrement parlé d’elle et ce dès les années 60 et en ne se contentant pas de louer sa beauté .
Exemples : dans les Cahiers du cinéma / inévitablement à la mort d’Antonioni / à la sortie d’une version restaurée de Désert rouge / en lui accordant manifestement une place centrale dans l’exposition qu’a consacré en 2015 la Cinémathèque française à Antonioni. ou en nous donnant de ses nouvelles car sérieusement malade.
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Ne vous sentez pas offensée, voy’hons !… Pourquoi grognon ? Je vais très bien merci, Margotte…
Je pourrais vous dire ma passion pour la Magnani et la Mangano… et en Grèce, pour la Papas… Peut-être des icônes justifiées par leur talent, mais restées incrustées dans ma mémoire malgré le temps, m’aperçois-je…, ce qui reste à mes yeux le critère déterminant pour rendre hommage à une actrice ou un acteur…
Ce qui est dommage avec Vitti, (idem pour d’autres, du genre Stefania Sandrelli ou Gigliola CInquetti…), c’est qu’elle n’eut de rélle existence pérenne au cinéma qu’à cause ou grâce à Antonioni, comme la pauvre Anicée Alvina n’en eut qu’à cause de Robbe-Grillet ou Sylvia Christel à cause de je sais plus qui… De belles plantes certes, mais tellement éphémères…, et du coup, hélas, toujours « réduites » à un statut subalterne dans nos imaginaires de cinéma. Et posons nous la question : qu’aurait-on retenu de la petite Giulietta M. sans le grand Fellini ? Enfin bref, voyez mon souci….
(NB /… Zabriskie Point, au fait, ça vous avait fait quoi, au juste à l’époque : chaud ou froid ?… – Attention ! cette question est posée au snobisme habituel des nostalgiques des cahiers du cinéma qui ont, à tort ou à raison, le sentiment d’avoir vécu la ‘great generation’, à ce titre inattaquab’, hein ! 😉 )
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@ ailleurs sur la toile et … dans votre vie, je ne me prononcerai pas
Encore heureux !… Et merci pour cette précision qui m’avait un brin échappé… Bien à vous,
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@ « Enfin, il m’a toujours emblé comprendre ça en bavardant avec les romains » (PE).
Je signale que mon clin d’oeil sur les bavardages s’adressait à Paul E., et ne vous était pas particulièrement adressé… Désolé si vous l’avez pris pour vous… Les incompréhensions… sur les commentariums, on n’en sort pas, hélas !… Bien à vous, Margotte., très sincèrement. (pardon pour l’envahissement…, je me retire un temps – )
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Zabriskie Point à l’époque ?
Je ne sais pas je n’étais née ! 😉
Zabriskie Point ensuite ?
J’ai vécu au cinéma une période fantastique où j’allais de salle en salle en quête de road trip movies de tous types (des plus allègres et libertaires aux plus tristes et désenchantés). remèdes à quelques ennuis, on va dire.
Zabriskie Point en faisait partie, évidemment. J’ai aimé la fraîcheur et la beauté du jeune couple et l’explosion de la fin (quand on est jeune, on est jeune). Intéressée par le regard critique posé par Antonioni (italien hors des sentiers d’Hollywood) sur l’Amérique de l’époque tant de gauche, de droite, tant puritaine qu’hippie et autres, ainsi que la société de consommation. Mais globalement pas tant emballée que ça. Ai détesté la chorégraphie dans le désert qui m’a semblé bien datée et laide.
Personnellement, je préfère « Vanishing point ». Sensationnel.
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Sylvia Krystel ce fut Just Jaeckin ,que j’ai connu Galeriste quand j’avais moi-même la responsabilité culturelle d’un de ces lieux de perdition. Il vendait ses sculptures , sans aucun jeu de mots, et concevait alors ses films comme des oeuvres de jeunesse , ne se prenant absolument pas au serieux, Je me demande quand même si on ne mejuge pas la filmographie de Vitti en la bornant à Antonioni…
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Ah, Pappas, Cacoyannis, Electre, Iphigenie, souvenirs . Quelqu’un a-t-il vu les mythiques Troyennes? Je n’ai jamais reussi!
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Il me semble que ce roman a un aspect tres nihiliste et s’apparente plus à la decheance du clown qu’au combat de celui ci Le hero accusateur Hans est tellement affublé de travers moraux si proches de ceux qu’il dénonce que ceux ci le mènent pareillement a sa perte Il s’enferme dans une morale mortifère se donnant en exemple de la morale chretienne et en éducateur de la papauté…Ses positions sur le couple et sur sa monogamie maniaque confinent au fétichisme morbide (leit motiv du bouchon de dentifrice devissé par Marie) et comme en parallèle les fausses couches de Marie lui semblent bien etrangères,je finis par me demander ce qu’il peut bien rester de la coherence du personnage…Un mendiant chantant des litanies dans les gares dans l’espoir d’apercevoir cette image du passé dont il ne décolle pas…
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belle analyse
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