Envie subite d’ensauvagement. Prendre n’importe quelle route de campagne qui mène à un sentier pour fuir ce monde qui a soif de désastres. La fugue se termine par une carrière au fond de laquelle repose une eau brunâtre.
Je reprends la route vers la côte. Le calme de la terre et des collines, l’antique et douloureuse paix des champs et ses vaches brunes , la certitude que cela ne nous appartient pas , une prière monte comme une pitié .

Les abords des villes n’imprime plus rien,ni dans les aires de circulation ni dans les visages.Les jardins,les fontaines, les cours ombragées à tilleuls ont disparu.La multiplicité des piétons en mouvement ressemble à un mouvement brownien devenu fou qui ensevelit des générations précédentes avant leur mort..Les grandes perspectives architecturales sont ouvertes au vent, au vide des chantiers ..Le passage d’un train qui sort de la nuit traverse la campagne reste plus vrai:il rassemble les couleurs des champs posées presque par hasard.
Les grandes haies à noisetiers que hante la subite chaleur du plein été, reviennent. Les chants des alouettes retrouvé, lui aussi, au fond des feuillages, comme sortis d’ un grenier. Des disparus grimacent , tout hante, tout est signe de vie et d’espérances. Incapable d’avancer, de marcher, que des questions le long des chemins de sable qui gagnent les dunes et la mer.. Ma mère m’aidait à traverser la rue quand j’avais les membres grêles et que je m’écorchais les genoux et les coudes. Elle m’avait donné une âme dont je ne profite plus. Elle me soulevait, moi et mon vélo et je me perdais dans les feuilles de salades fraîches et l’herbe aux lapins. Un soir, elle prit peur, elle resta bras immobiles, allongée sur le divan du salon, fut persuadée qu’un malheur nous poursuivait car depuis la fin de la guerre , on lui avait arraché ,disait elle, les couleurs de son cerveau, l’eau du bain était une masse de têtes qui bougeaient et clignaient de l’œil en se moquant d’elle…Quand on venait, ma sœur et moi, la visiter au Bon Sauveur, le dimanche après midi elle priait en douce pour que nous ne revenions jamais. Elle tournait ses bras dans tous les sens et voulait se clouer les doigts au lavabo.
Sans aucune preuve,nous sommes devenus sa famille indigne.

Depuis, je sillonne le département du Calvados , soulevé par les vagues trop vertes,par l’air chaud d’un ciel trop noir.Je vois,sur les digues de Cabourg ou de Houlgate, des gens tristes, raides, empesés, puritains, mélancoliques, hargneux, chaussures impeccablement cirées, tandis que les formes des nuages dans le ciel jouent à saute-mouton et forment des dessins gais avant l’orage. Sous les parasols, s’échangent d’aimables réponses mécaniques aux amertumes, ce qui pousse à commander une Pelforth puis à écrire au stylo plume épaisse sur du papier Japon pour devenir absolument quelconque.
Temps de Pâques dans l’abandon et l’ inachèvement et le provisoire . La vie des saints dans leurs niches de pierre s’assoupit dans les ombres verticales de Saint-Étienne, l’abbaye aux Hommes .Personne n’attend plus la Résurrection, et dans ma lointaine mémoire un TGV file et traverse un pont sur la Garonne dans une immense clarté car je rejoins ma fille encore toute petite . Oui, tu es là dans une sorte de paix absolue des collines, le sentier s’arrête avec du sable, des barbelés, la béatitude . Une seule et lourde odeur de pré fauché , la paille sèche et brunit dans cette lumière qui inonde le paysage océanique, la journée splendide est là, le ciel haut et clair, des vagues partout à perte de vue.

« Les abords des villes n’impriment plus rien » . Merci de ce beau texte. MC
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parfois je renonce,… j’ai pu la force… de tout eomprend’… Ma’mère disait que c’était pas grave si je comprenais pas tout du premier coup, quand j’étais jeune, car elle, plus vieille, elle comprenait jamais rien ni koi ni caisse… Lyon, bouchon, loire, fanny, sancerre, stenvoorde, cahuzac, etc., laissez le petit vain venir à vous, esta miné, au kampuchea-democ. Bon j’y vais…
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Pour représenter la mer, l’horizon, le ciel ces deux toiles je les ai trouvées d’une beauté inouïe.
Mais Anna Eva Bergman a énormément travaillé de manière répétitive sur deux autres matières, or et argent, par exemple :
https://www.invaluable.com/v2/auction-lot/anna-eva-bergman-swedish-1909-1987-875-c-oqychcoz56
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@ on connait anéfé tous un bouchon ou l’on y boit un sancerre rouge qu’on jure introuvabe (etc)
non pas moi, j’ai pas ce snobissm…, et j’habite pas Lyon. On m’a dit bcp de bien de çuissi,
https://lebouchondesfilles.fr/ mais que seul leur neaujolpif était buvab’… Leur sancerre, non … Quid ? Bàv,
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un propos un peu abstrus sur l’art équestre, mais qui peut se tiendre sur son pied bot, tel un poème de mal armé à librusse. Comprenne qui l’adviendra, la chance aux chaussons ou aux charenssons. Le blog dédelle vire au rouge-gros.
Non quand même !… les deux autres sont plus racées que la pelle forte malouine !… (sad hégénère)
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Bouguereau & rôz, je trouve sympathique de vous retrouver sur cette estimable chaine.
Pmp, je fais un peu dans le genre d’aquarelles des deux dernières images (AEG)… Il y a de la science dans les aquarelles de ce blog, magnifiques, oui.
Evidemment, une Pelforth gâchera toujours le plaisir de la première gorgée d’une Leffe ou d’une Grimbergen. Pour la sauvagerie del’ébriété.
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Paul,
Depuis moins d’un an, le 7 mai 2022, a été ouverte la fondation Hartung/Bergman au public à Antibes.
Une villa contemporaine conçue par eux qui abritait leur logement (non visité à l’époque lointaine où j’y suis allée), et surtout leurs deux ateliers si différents et à la taille de leurs oeuvres respectives.
Ces deux peintures d’Anna Eva sont d’une beauté inouïe.
Merci à vous,
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