
Oh, mes sœurs, mes chéries, notre vie n’est pas encore terminée. Vivons !
Olga, Acte IV.Les trois soeurs de Anton Tchekhov
Meilleurs vœux à mes fidèles.

A propos des « gestes barrière » .
Je suis absolument et résolument pour les « gestes barrière ».
Je vais les appliquer impitoyablement contre les éditorialistes qui postillonnent du Zemmour à la télévision chaque soir , contre les talibans de l’écologie, les chauffeurs de taxi qui ne répondent rien quand on leur dit bonjour en pénétrant dans leur véhicule .Gestes barrière contre les écrivains qui mettent » leurs tripes sur la table » dans leurs écrits , transformant la littérature en boucherie-charcuterie, contre les chefs politiques qui veulent faire péter la planète, gestes-barrière aussi contre les non-vaccinés complotistes qui sont prêts à en venir aux coups, contre les restaurateurs malouins qui versent une bouillie blanche farineuse sur des moules en appelant ça de la crème normande, gestes barrière contre ceux qui programment chaque année Ben Hur à la tv, contre la banquière qui veut à chaque rendez-vous me vendre un crédit-obsèques, ou contre les médecins qui vous donnent un rendez-vous et vous laissent trois quart d’heure dans une salle d’attente avec un vieux numéro dépenaillé de Paris-Match .Enfin ,dans la foulée, je ‘en prends aux objets, j’en veux aux tables de bistrots qu’il faut toujours caler avec un bout de carton. La table bancale de bistrot exerce alors une influence hégémonique désastreuse sur le cours de mes pensées et perturbe l’ensemble de mon petit champ culturel. Vous voyez que philosophiquement je m’élève d’un cran. Enfin je voudrais réussir un geste barrière définitif, violent, étincelant, contre les mauvais souvenirs de mon enfance en pension dans l’Orne mais ils reviennent sous forme de cauchemar. Les salauds.
Irina : « Un temps viendra où l’on comprendra tout cela, pourquoi ces souffrances, il n’y aura plus de mystère : mais en attendant, il faut vivre… » — oui, même si le vent ne semble pas se lever, il faut tenter de vivre.
Même si « bientôt, demain, l’obscur désir de sécurité qui unit entre eux les hommes leur dictera des lois […] prohibitrices » (Aragon, Le Paysan de Paris)
« Mais je me demande si on peut vivre au milieu de la souffrance et des catastrophes sans en prendre sa part […]
— Tu deviens bête et hypocrite. Comme si tu n’essayais pas, comme tout le monde, d’oublier les tristesses de l’époque. Tu cherches ton air de swing, mais […], ce qui n’arrange rien, tu tiens à l’estime de ton voisin de palier. Le résultat est misérable. Alors, tu rages, tu es triste et en définitive tu es très fier de pouvoir mettre ta tristesse sur le compte des événements. »
(Marcel Aymé, Le chemin des écoliers)
Oui. Même si, comme le formule le mélancolique :
« le plus simple, le plus « naturel », le plus « à la portée » pour tout être vivant, c’est de demeurer sur place, immobile, léthargique, inconscient, imparticipant, rester mort. État […] d’avant le premier mouvement du premier atome. C’est cela, toujours, le plus NATUREL : rejoindre l’arrière-fond originel, le vide, l’absence pure, notre vraie origine à tous. […] Rester comme avant, torpides, ensommeillés de néant. […] C’est cela […] le plus naturel […] pour tout être situ[é] dans l’inexplicable position d’exister. C’est cela, aussi, donc, la suprême tentation […] Vivre c’est se hisser vers l’inexploré. C’est se projeter, artificiellement, hors de la nuit et du silence […] Vivre est un suspens impensable de notre loi de gravité primordiale […] Lorsque tout nous pousse, à chaque instant, à dissiper l’enchantement, […] à faire cesser cette encombrante, cette inconvenante extase » .
(Vincent La Soudière, C’est à la nuit de briser la nuit)
Hommage à la vie
C’est beau d’avoir élu
Domicile vivant
Et de loger le temps
Dans un cœur continu,
Et d’avoir vu ses mains
Se poser sur le monde
Comme sur une pomme
Dans un petit jardin,
[…………………………]
Et d’avoir atteint l’âme
À petits coups de rame
Pour ne l’effaroucher
D’une brusque approchée.
C’est beau d’avoir connu
L’ombre sous le feuillage
Et d’avoir tous ces mots
Qui bougent dans la tête
De choisir les moins beaux
Pour leur faire un peu fête,
D’avoir senti la vie
Hâtive et mal aimée,
De l’avoir enfermée
Dans cette poésie.
&
Feuille à feuille
II
Vous qui ne demandez rien,
Vous qui êtes toujours là,
Sans yeux, comme en ont les chiens,
Pour rappeler qu’ils sont là,
Arbres de mon grand jardin,
Dans un mouvement serein
Ouvrant nuit et jour les bras,
Vous nous faites oublier
Que vous ne les fermez pas,
Arbres graves, sans défauts,
[………………………………]
Vous qui nous poussez à vivre
Nous, moins que vous attachés,
À la façon d’hommes libres
Courant après leurs pensées.
Supervielle
Tout un programme pour 2022
Meilleurs vœux au blogueur ainsi qu’aux commentateurs & commentatrices, fidèles ou infidèles
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Sûrement un grand cru cette nouvelle année 2022, Paul Edel!
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A tous meilleurs vœux et merci à Elena pour le texte de Supervielle qui fut ma première rencontre avec ce poète. Il est allé plus loin et plus fort, mais c’est un autre problème . MC
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Meilleurs vœux à notre illustre aîné Paul Edel, dont j’espère être un ‘fidèle’ infidèle de sa chaîne…
Et aussi, belle et heureuse année aux autres ami.es de ses anciens et nouveaux « Carnets »… !
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Intéressant complément. Je craignais de vous voir vous laisser aller à la douce mélancolie un peu enfantine des derniers poèmes de Hölderlin – je m’abstiendrai d’en citer aucun, n’étant pas germaniste pour deux sous et mon accès à ce grand marcheur passant par la traduction de Jaccottet (Les lignes de la vie ?)
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Glané sur le web :
https://pbs.twimg.com/media/FH70au2WQCwki0r?format=jpg&name=small
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Sur la pelouse d’hiver
Un objet
Que la lumière a oublié.
(Uejima Onitsura 1660-1738)
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PARDON D’UTILISER VOTRE SUPPORT, Paul, MAIS LE ROBOT « RDL » NE VEUT PAS DE CE MESSAGE QUE JE COLLE ICI, POUR SUSCITER DE NOUVELLES VOCATIONS A VOUS VISITER…
MERCI DE NE PAS M’EFFACER /// Hommage au point 4 –
J’en profite pour souhaiter une belle nouvelle année à vos carnets de voyages littéraires, bien inspirants et généralement fort inspirés
nouveau relevé des conteurs (JE, 4.1.22@9.00) :
1- pas mal, ce nouveau lien de pablito75
2- le cocotier hurleur, à faire tomber des babouins passant des journées entières dans ses palmes
3- type de phrase bancale : « on en est plus avec vous à un paradoxe et une inexactitude près », car il aurait fallu t’écrire : ON N’EN EST PLUS A… (je pense, sinon on comprend l’inverse) -> « Plus », comme un privatif et moins comme un explétif (cf. dhh)…
4 – avant « le Goncourt » de 2010, il y en avait eu d’autres, c’est ceux-là qu’il faut garder dans un bon coin, le 2003 notamment…, le meilleur de tous.
5 – Oui, on attend le Connemara, c’est de là que viendra le vent d’ouest en février. Nicolas, faites passer à Matthieu, en attendant votre 45 tours :
6 – Rien n’est dit sur l’interprétation de Melle Superfétatoire dans le nouveau film de Nina Simone, « en attendant Bojangles » (jzmn ?)
7 -> « s-h-ors de moi », jmb : tu intoxik petitix (X) !…
8 – il fait encore nuit à cause des nuages bien bas, cette journée ne restera pas dans mes annales nasales natales, je la sens pas bien.
C9 ->>> nb /… la mise en route a du mal, à matin… peut-être les flocons d’avoine au choco 2020 un brin périmés dans le lait entier (cause/effet ?).
***Bàv Jibé, et merci pour vos vœux, je les leur transmets fissa, vont être super contents !…
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