A propos de Rose…


Fréquentant avec délice la RDL, ce havre de paix, j’avoue que plus je lis Rose, plus je suis séduit par ses commentaires qu’elle émet bien avant l’aube . Son système de transmission a le charme de ces machines – vieux postes de radio par exemple- qui sont perturbées par le mauvais temps , ou de ces bouts de papiers rongés de sel , messages aux phrases à trous et mots manquants devenus énigmatiques et qui abordent les rivages de ma Bretagne les jours de grande marée. Parfois Rose manipule le télégraphe de Chappe derrière Marseille un jour de brumes rampantes . Quand elle nous entretient de sa mère, j’ai le sentiment qu’il y a quelque chose comme de la télépathie , et même quelque chose d’extra sensoriel. Il m’arrive d’attendre son télégramme plein d’anxiété , en pleine nuit, comme le radio navigant dans sa carlingue ( version « Vol de nuit » de Saint-Exupéry) attend des nouvelles des aérodromes en ligne de la Patagonie à Buenos-aires. Je reçois cinq sur cinq les certitudes elliptiques stupéfiantes de Rose à propos de la grammaire, de la littérature , de Romain Gary, ou de ce curieux espace qui sent la brique sèche,son mystérieux « Grangeon. »

Demoiselles du téléphone au temps de Proust

Enfin, Rose irradie de ce éclatant mystère des « Dames du téléphone » qui fascinaient tant Proust qu’il leur a accordé des qualités de vestales pour les idolâtrer,les qualifiant d’ « ombrageuses prêtresses de l’Invisible », ou de « servantes toujours irritées du Mystère » simplement parce qu’elles étaient enrhumées. J’avoue que les analyses plus longues de Rose, plus structurées, pour parler d’un film sont un poil décevantes.