4 réflexions sur “Avant que l’année finisse…

  1. Vincent Mil’ane KUNDERA dans un pré…
    j’y joins ma pensée à la vôtre,… et en ajoute 120 pour chacun de mes autres amis Russel BANKS, Kenzaburo OE et Cormac Mc CARTHY.
    Je laisse tout seul Philippe aux SOLLERS à celzéceux qu’il faisait vibrer…
    Meilleurs vœux et longue vie à toute l’Edelie !…

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  2. Actualité de Milan Kundera

    « Depuis à peu près soixante-dix ans [écrivait-il ds Les Testaments trahis, donc à peu près 100 ans maintenant] l’Europe vit sous un régime de procès. Parmi les grands artistes du siècle, combien d’accusés… […] Il y eut, à partir des années vingt, les traqués du tribunal de la morale révolutionnaire : Bounine, Andreïev […] Mandelstam […] Puis il y eut les traqués du tribunal nazi : Broch (sa photo est sur ma table de travail d’où il me regarde, pipe à la bouche), Schönberg, Werfel, Brecht, Thomas et Heinrich Mann, Musil, […], Bruno Schulz. Les empires totalitaires ont disparu avec leurs procès sanglants mais l’esprit du procès est resté comme héritage […] Ainsi sont frappés de procès : les accusés de sympathies pronazies : Hamsun, Heidegger (toute la pensée de la dissidence tchèque lui est redevable, Patocka en tête), Richard Strauss, Gottfried Benn, von Doderer, Drieu la Rochelle, Céline […] ; les partisans de Mussolini : Pirandello, Malaparte, Marinetti, Ezra Pound […] ; les pacifistes munichois : Giono ; Alain, Morand, Montherlant […] puis, les communistes et leurs sympathisants : Maïakovski […], Gorki, G. B. Shaw, Brecht (qui subit ainsi son second procès), Éluard […], Picasso, Léger, Aragon […], Sartre. Certains subissent un double procès, accusés d’abord de trahison envers la révolution, accusés ensuite en raison des services qu’ils lui avaient rendus auparavant : Gide […], Breton, Malraux […] l’art moderne des années vingt et trente fut même triplement accusée : par le tribunal nazi d’abord, en tant qu’Entartete Kunst, « art dégénéré » ; par le tribunal communiste ensuite, en tant que « formalisme élitiste étranger au peuple » ; et enfin, par le tribunal du capitalisme triomphant, en tant qu’ayant trempé dans les illusions révolutionnaires.
    [À partir du cas Maïakovski, de la poésie lyrique en qq sorte prédestinée à devenir « l’embellisseuse des atrocités », MK écrit La vie est ailleurs] Être un vrai poète et adhérer en même temps à une incontestable horreur est un scandale […] Nous sommes tous inconsciemment tentés d’éluder les scandales […] C’est pourquoi nous préférons dire que les grandes figures de la culture compromises avec les horreurs de notre siècle étaient des salauds ; […] Si on ne veut pas sortir de ce siècle aussi bête qu’on y est entré, il faut abandonner le moralisme facile du procès et penser l’énigme de ce scandale, la penser jusqu’au bout […] Mais le conformisme de l’opinion publique est une force qui s’est érigée en tribunal, et le tribunal n’est pas là pour perdre son temps avec des pensées, il est là pour instruire des procès. »
    « L’homme est celui qui avance dans le brouillard. Mais quand il regarde en arrière pour juger les gens du passé il ne voit aucun brouillard sur leur chemin. De son présent, qui fut leur avenir lointain, leur chemin lui paraît entièrement clair, visible dans toute son étendue. Regardant en arrière, l’homme voit le chemin, il voit les gens qui s’avancent, il voit leurs erreurs, mais le brouillard n’est plus là. Et pourtant, tous […] marchaient dans le brouillard. […] Ne pas voir le brouillard sur le chemin de Maïakovski, c’est oublier ce qu’est l’homme, oublier ce que nous sommes nous-mêmes. »

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