Que devient Roger Nimier?

Que devient Roger Nimier 63 ans après sa mort le 28 septembre 1962 sur l’autoroute de l’ouest ? La publication d’un Quarto de 1200 pages nous permet une réévaluation de notre insolent en chef des jeunes gens de Droite d’ après-guerre. N’oublions pas, à l ‘occasion que ce brillant cadet sortit du vieux vestiaire Collabo Jouhandeau, Morand, Rebatet et Céline pour les couvrir de paroles affectueuses en oubliant leur antisémitisme.

On redécouvre donc les trois romans a caractère autobiographiques publiés entre 1948 et 1951 « Les Épées », « Le hussard bleu » », «  Les enfants tristes ». Soyons honnête, Nimier jette sur le tapis trois cartes maîtresses : insolence, allégresse, désinvolture .

Le Quarto offre aussi les nombreux articles de critique littéraire, des textes introuvables qui défendent Bernanos ou Maurras, c’est le plus passionnant du volume. On goûte la grande intelligence ,le discernement de ces   « Journées de lecture » , un modèle du genre. Le Mauriac est d’une grande finesse. Il n’oublie ni le poète, ni la sensualité « ni légère ni facile » de ce chrétien, ni les poèmes les moins lus , les pages oubliées d’« Orages » et de « Province ». . Le Marcel Aymé est parfait. Nimier est moins convaincant sur Bernanos comme si ses curés lancés trop jeunes dans des paroisses avachies l’ embarrassaient . Gide bénéficie d’un portrait si complet qu’il ressemble à une nécrologie au ton feutré pour le journal « Le Monde » . Admiration modérée. Notons ces quelques lignes : »André Gide (..) donnait une assez juste image de l’intelligence et de toutes les provinces voisines : l’honnêteté, la lucidité ,la curiosité intellectuelle. » Il ajoute ceci : »Nous penserons qu’il a été le second dans tous les genres, moins universel que Malraux, moins brillant que Valéry, moins fin que Larbaud, moins profond que Proust. » Pieyre de Mandiargues, Simenon et Jacques Perret sont plébiscités mais jamais dans un aveuglement béat. Les lignes brèves sur l’ami Blondin sont floues ,trop de proximité embarrasse. Il ne faut pas caricaturer le critique Nimier : il appréciait avec élégance les écrivains de l’autre bord, par exemple, le communiste Roger Vailland, et même Jean-Paul Sartre , l’ennemi existentialiste préféré , traité avec des égards.

Stendhal est bien vu « Il accumule les théories de la séduction, les martingales infaillibles de l’amour, mais il meurt seul, et pas une femme, sans doute, ne le pleure. ».

Ouvrant ce Quarto tout frais imprimé, j’ai relu deux romans , « Les Épées » et « Le Hussard bleu ».

« Les Épées » déroute. Beaucoup de pirouettes, une farce écorchée sur le thème de adolescence. On note des remarques incongrûment juxtaposées, un mélange de frivolité et de cris du cœur assourdis pour dire l’inceste avec une sœur . Ce François Sanders est un double de Nimier. Le charme ado, des pénombres attirantes, un visiteur du soir avec un égotisme tendance Drieu – donc bourreau de lui même- et pas mal de vide autour .Nimier cultive dans une langue souple remarquable pour son âge les charmeurs désolés. La médiocrité de la troupe humaine reste une basse continue de tout Nimier, même si on y trouve des joliesses à la Giraudoux.

François Sanders ,si romanesque, je l’imagine plutôt le long d’un bassin du Versailles à papoter avec Madame de La Fayette, ou astiquer son épée en bras de chemise avec Fabrice del Dongo dans la brume matinale du lac de Côme. D’ailleurs ce personnage on le retrouve sur les bords du Lac de Constance . Différence avec Stendhal: ses hussards méprisent les femmes avec des gestes de galanterie et des pensées de soudard.

Dans « Les épées » Nimier se révèle éparpillé, batailleur, plein d’éclat, indompté, virtuose. De brillantes pépites sur une tapisserie sombre de fin d’ adolescence. Nihilisme un peu blasé : « Les hommes ne savent que précipiter ou retarder des situations qu’ils n’ont pas créées. Chacun de leur geste se répercute si loin qu’ils en ignorent le sens. Ils font leur destin, mais ils ne le sauront jamais – ce qui revient à ne rien faire. » Ce Nimier là compose l’épitaphe de la Résistance avec cette flèche :« Dans l’armée française, il y a moins de garçons coiffeurs que dans la Résistance… » faisant allusion aux femmes tondues à la Libération. On résume : « La démocratie ne valait pas les chiottes pour la noyer ».

Lire « Le hussard bleu », c’est autre chose.

Paru à l’automne 1950, ce roman d’un auteur de 25 ans éclabousse le Tout-Paris littéraire. Nimier a puisé dans son expérience puisqu’il s’est engagé volontaire à 19 ans au 2eme Hussard à Tarbes le 3 mars 1945.Nimier fut pendant quelques mois radio sur une automitrailleuse stationnée sur la Côte d’Azur tandis que son meilleur ami, lui, Michel Stièvenart, meurt prés de Munich dans l’accident d’un camion militaire. La mort de son ami d’enfance le bouleverse à tel point qu’on peut soupçonner qu’il est la source secrète de ce livre gai-douloureux, amer-clinquant. La tristesse pointe dns un argot qui cree une curieuse féerie scatologique. Le tragique apparait dans le récit d’une embuscade vers la fin du livre: c’ est le meilleur du livre car la tristesse flotte sur un ciel bleu avec de curieuses étoiles en papier alu.

Le roman se nourrit aussi visiblement des lettres de ses anciens amis du 2° hussard qui lui ont livré des compte rendus détaillés de ce qu’est l’occupation militaire française qui traque les derniers débris des divisions nazies réfugiées entre la Forêt noire et le lac de Constance. On obtient des successions de touches réalistes dans un décor de cartes postales  à sapins où manœuvrent des soldats de plomb. dans une expédition guerrière qui ressemble parfois à une excursion touristique. La panoplie des personnages reste sous cellophane. François Sanders, déjà rencontré dans « les épées » est le séducteur viril, Don Juan odieux, cassant, mais qui possède une autorité qui fascine la chambrée. Forjac , officier trimballé dans sa jeep se croit toujours dans la bataille de Wagram. Enfin Saint-Anne , garçon incertain, au profil fitzgeraldien a des timidités d’ado pas très sûr de son identité sexuelle. Il garde quelque chose d’un grand Meaulnes en treillis. Il a des bouffées tendres pour Sanders .Son histoires amoureuse avec Isabelle ,la belle allemande qui erre en combinaison dans une villa modianesque, apporte une note romantique dans ce roman plein d’argot bidasse, de souleries au cognac, au gros qui tache et au Cinzano,..

Les jeunes filles , françaises ou allemandes, se ressemblent par des chatteries voluptueuses et provocantes . Des corps trop neigeux et lisses, des contacts au lit en feux de paille innocents.Elles se déshabillent pour apprendre à des blondinets des choses de l’amour bien trop compliquées pour ces conducteurs de half tracks . Nimier accable ses marionnettes de ricanements ou de maximes déplaisantes. « Faut-il violer cette jeune allemande ou s’en faire aimer ? « 

L’important pour l’auteur est de nous faire comprendre que l’armée permet d’ échapper aux canailleries des régimes parlementaires, à la vie civile d’une platitude irrémédiable, encombrée d’imbéciles. Les auto-mitrailleuse roulent dans des décors de Noel qui ressemblent à des maquettes en bois vernis. Il manque les trains électriques….La fin de ces curieuses colonies de vacances s’achève avec quelques minces traits d’un vrai sang rouge habilement tracé dans le paysage.

Le livre fermé on garde en tête la rythme syncopé, caracolant, survolté, jeté pour l’épate, avec sa pluie d’insolences pour cacher une scène de comédie amère avec un grand vide autour. . Enfin la voix de Nimier emprunte à l’argot sophistiqué et précieux de Louis-Ferdinand Céline, nous rappelant au passage que Nimier jouera un premier rôle dans la résurrection après-guerre de celui qui sombra dans la haine et l’antisémitisme par ses pamphlets. Il y du clairon à chaque phrase, mais également une mécanisation bizarre de l’humanité, un désir de marquer dans le brillant, sa haine de la Gauche, d’accumuler les trivialités en se persuadant que c’est une manière de garder la pureté de la jeunesse. Pour Nimier, l’âge dégrade. D’ailleurs il abandonnera le genre romanesque pendant dix ans avant de se tuer en voiture. L’âge ne l’a pas dégradé.

Ma promenade dans Rome

Je commence ma promenade par le vieux Pantheon.

Intérieur de la coupole, rayons latéraux d’une lumière qui danse, voûte fissurée , silence de papillons qui volettent vers la rotonde, mais quand j’en ressors, dans l’odeur de vieille terre sèche, Rome garde toutes les autres matinées, la vie fébrile des générations séculaires, les bavardages dans l’antre sale d’un cordonnier, les maçons aux chapeaux de papier retapent à la truelle le contour plâtreux d’une fenêtre. La blanche impiété du ciel m’attire toujours autant et j’imagine dans le quartier mes amis dispersés, les disparus de mon enfance retrouvés à une terrasse de la via dei Coronari, cernés par des petits cris des jeunes , enfouis dans le remords attristé de ne pas avoir su assez aimer le monde.

Plus loin le bourdonnement des voitures, les lointains crissements métalliques des tramways me ramène parmi la suave dureté de l’instant : les vêtements légers, l’air tiède, les enfants partout qui se perdent dans les ruelles, grimpent sur les voitures, une femme en tablier blanc nettoie les dalles d’une cour intérieure. Pureté incisive de l’instant qui brille comme un tesson de verre. Herbes, fleurs, jours, nuits, couloir frais, lumière brutale, quelque chose de pur te ramène toujours dans Rome, dans la même matinée avec ces vases remplis d’eau après la pluie. Tu reviens toujours vers les mêmes petites rues noires à odeur de café grillé.

Ensuite je traverse la piazza della Rotonda et marche dans la via dei Pastini ; plus tard je m’installe dans un de ces étroits cafés voûtés tout en longueur pour accueillir la nonchalance et du creux de la fin de matinée ;l’abri romain par excellence. Café tiédissant. Le monde court à sa perte dirait en souriant marguerite Duras avec sa collection de bustes d’empereurs romains aux nez ébréchés. Ta pensée s’enfonce dans les cercles herbeux et les portiques du Forum. Somnolence.

Contrairement à ce que croient les touristes devant quelques colonnes isolées, ou appuyés contre la vasque d’une fontaine pour mieux déplier leur plan ils peuvent savourer la perpétuation d’une soirée antique ;elle commence chaque soir après six heures, quand les serveurs en veste blanche prennent la pile des nappes blanches et les déplient avec soin et les lissent sur les longues tables avec un geste léger de la paume de la main. .je ne suis pas dans un temps différent des dieux d’Agrippa. Les milliers de midis aux nappes blanches, les milliers de soirs où les familles s’endorment, adossées aux murs tièdes, legato d’une soirée romaine, si indéfinissable : paix soudaine, engourdissement, de bien- être, fluidité comme si on retrouvait une saveur paysanne si ancienne.

Le soir je dîne chez Bartolomeo dans une étroite salle voutée, avec chaises de paille et dalles cirées rouges sang-de-boeuf. L’hiver des vestes de fourrure sont empilées sur une table dans une près de la porte et son rideau. Assieds toi. Bouge plus. Carafe de blanc légèrement mousseux. Tripes à la tomate. J’ écoute le restaurant comme si j’étais dans la caverne de Platon. Au milieu des voix méridionales et familiales commence la traversée calme de pur bonheur terrestre incompréhensible. Quelqu’un a dit l’ignorance est un don du ciel ,je ne sais plus qui, ce n’est pas grave  que ce soit incompréhensible ,c’est un bienfait du moment. Incompréhensibles aussi les filles de la Torre Argentina nées et surgies de la grande baignade amoureuse et charnelle de l’été dernier , ensuite déposées sur les pierres brûlantes des rives du Tibre, en plein mois d’aout, retrouvée l’été suivant sous les voûtes de soutènement et les arches du Colisée. Ce soir, elles attendent le bus, enfouies, le visage intact dans le col remonté de leur petit manteau léger .


Je revins par la piazza Galeno. L’air brûlait ,les tramways étaient bondés, l’orage couvait

Relire son roman

Faut-il relire ses anciens livres ? J’ai toujours évité, prudent, comme s’il s’agissait de remettre sous le nez d’un condamné son acte d’accusation. Tout ce que vous avez écrit peut se retourner contre vous. Cependant, depuis que j’habite à Saint-Malo, chaque matin, ,pour aller prendre un café place du marché aux légumes, je passe devant l’hôtel Elizabeth.

Je regarde une fenêtre du troisième étage. C’est dans cette chambre que je m’étais installé pour relire les épreuves de « La nuit tombante » ,roman publié en 1978, mon sixième livre.. . J’avais 35 ans, je lisais et relisais Claude Simon. Dans cette chambrette malouine je feuilletais ces pages détachées en écoutant les mouettes piquer du bec sur les carreaux pour avoir, le matin, des bribes de croissant. Je travaillais avec un crayon pour redresser les phrases bancales, traquer les fautes d’impression, replacer un blanc qui manquait entre deux paragraphes, méditer sur un début de chapitre mou. J’avais en tête le conseil du directeur littéraire :changez le moins de choses possibles, ça coûte ! Et le temps presse à l’imprimerie !

Au fond, j’avais envie de retracer et de refaire plusieurs chapitres. Je me résignai et renoncai ,songeant avec nostalgie à Proust qui avait eu le droit de multiplier à l’infini les corrections sur épreuves et rajouté des centaines de paperolles sans limite de l’éditeur.

Mon petit négoce littéraire plan-plan se poursuivait depuis 1965 avec d’excellents dossiers de presse et une vente moyenne. J’ écrivais non pas – comme beaucoup d’auteurs- avec des souvenirs, mais en premier lieu avec un souci du temps présent. De l’instant, de ce nid à la fois éphémère et collant. Le roman s’attachait à retenir qui est inattendu, sauvage, retient, blesse ou fait plaisir dans une journée ordinaire, dans un couple ordinaire. J’avais noté les nuances de gris qui tapissent l’ordinaire des jours, et en même temps les surprises d’un homme qui marche dans une ville, Paris, l’immersion dans ses foules et les accidents du hasard, la nage dans cette mer de milliers d’habitants . Phrases coupantes d’un jeune couple qui se cherche , conversations dans une salle de rédaction, téléphonages, tout ce qui meurt et renaît sans cesse dans un couple, pendant des week-ends en Beauce, dans les couloirs du journal, au hasard des rues, ou quand les enfants sortent du bain et font semblant de grelotter de froid.

Il y a du carnet de notes dans ce roman. Vacances qui renforcent le tourment d’on ne sait quoi, dîners de famille trop longs, les salamalecs des adieux entre invités, l’heure qui obsède à son poignet, la route de Paris immobile et droite dans la chaleur des champs, cette hantise des chemins solitaires de campagne, les pensées muettes et vides, quand on pense à son enfance et qu’on ne trouve que les quatre misérables photos d’un album trop feuilleté, l’espace plein et blanc du ciel en Bretagne , l’eau qui tremble dans l ‘étroit lavabo de l’hôtel de La Réole quand tu y plonges ton rasoir. Surtout une collection ces moments anonymes et cachés où chacun joue à la marelle avec ses émotions, ses pensées inutiles, dans une salle d’attente d’un médecin ou dans un coin de bus. Collections de visages croisés , ce grand bain d d’émotions dans la foule, ce visage bouleversant de jeune femme qui semble tenir toute la tendresse et la chaleur d’un autre monde. Ou bien cette résignation mal contrôlée qui s’abat sur vous, pendant les réunions du lundi, dans la salle de rédaction, et sa baie vitrée pas propre, ces collègues qu’on houspille, ces autres qu’on caresse :tu rêvasses, toi. Tu es ailleurs. C’est ton territoire, l’Ailleurs. Tu traînes le long des vitrines dans les reflets des mannequins qui cachent le vrai monde. Tu examines les gens dans les cafés comme s’il s’agissait d’un reportage gratuit, pellicule perforée qui cassera avec ta disparition. Tu frôles des mondes, regarde bien ce type prés de la porte de toilettes, tout seul, qui regarde à l’intérieur de son sommeil, il essuie tout le temps sa salive, et exige de sa main qu’elle ne tremble plus. Et cette femme de 50 ans dans son manteau de misère, à la fois pelucheux et pelé, l’ourlet avec un fil qui pend, elle pose délicatement sa tasse, elle plie et déplie l’enveloppe papier d’un sucre, tassée sur une vie d’abandon , de malchance, plus rien de vivace dans son regard; et cette fille au visage pur si bien incliné, aux longs cheveux lisses et noirs, séparés au milieu par une raie, un visage d’indienne, telle une squaw avec sa robe sac à motifs cachemire comme si elle venait tout droit de Woodstock… Ces images se télescopent et t’interpellent, ces générations si différentes collées sur la même banquette, avec cette interrogation lancinante: que deviennent les façons de vivre de ceux qui ont, autour de nous, récemment disparu? Chaque génération boit différemment dans le même café et dans les mêmes tasses, ceux qui ont connu la défaite de 40, ceux qui ont attendu sur un quai de gare à Berlin, et ceux qui se sont exaltés en Mai 68 Que deviendront ces lycéens qui chahutent et se bousculent dans la joie d’être jeunes, ces banlieusards assis sur les mêmes chaises et qu’on ne verra qu’une seule fois dans sa vie .

L’instant devient fleuve, tu t’y baignes , naissance et vertige, vérité et extase.Tu notes dans ton roman cette scène : tu ranges ta voiture, un jour de grand vent, vers Méréville, devant une pompe à essence, tu dévisses le bouchon et une fille en mini-jupe, jambes et chevilles épaisses et un peu rouges de froid , poitrine forte, elle est penchée sur le réservoir qui se remplit, seins amples, épanouis dans échancrure, elle ne dit rien et la pure piqûre du désir s’enfonce en toi .La flèche traverse le Temps. Tu paies le plein dans l’irréalité des vitres d’un aquarium, sachant que cette fille va disparaître ,mais non, elle reviendra pendant tes insomnies, pendant des années, dans les rafales de vent de la plaine de la Beauce

Mais non elle reviendra te visiter dans tes insomnies.

Quand tu refermes ce roman , tu médites, un brin incrédule, devant la précision de ce diagnostic d’un malaise général d’un écrivain qui porte ton nom et que tu reconnais fraternellement. Ce malaise des jours qui fuient , comme des reflets sur la surface de l’eau, c’est donc ta vie ? Tu es le seul a pouvoir signer et persister : oui ce fut cela, ces jours enfuis qui refluent intacts dans les pages de ce livre. Au moins, mes quatre enfants sauront qui j’étais quand j’avais 35 ans. Chacun son album de famille.