Relire « Aurélien » d’Aragon, somptueux…

Je ne comprends pas qu’on parle de Céline et de Proust comme les deux uniques sommets du roman français du XX° siècle. Et Aragon ? J’ajouterai que depuis « le Paysan de Paris »(1926)  » en passant par « les cloches de Bâle »(1934), »Les beaux quartiers (1936) « Les voyageurs de l’impériale(1942) , et enfin cet « Aurélien » de 1945 ce massif romanesque apporte non seulement un point de vue personnel sur l’histoire de notre pays mais reflète aussi les espoirs de nombreux intellectuels français aspirés par l’idéal communiste et de toute une classe populaire depuis les années 30.Oui, je sais, Aragon a tant tardé à temps à condamner le stalinisme et la glaciation soviétique…

Ce qui frappe d’abord, en premier lieu dans ce roman d’Aragon écrit à partir de 1940 (puis terminé en 1944) c’est ce « style parlé »,si fluide, éblouissant de naturel, précis, mélodieux, suffocant de maîtrise et d éclat, si stendhalien pour parler des femmes avec finesse, sans oublier la finesse d ‘écoute des dialogues d’époque, les querelles du cubisme, tout ce petit monde mondain à la dérive.. Et ce héros Aurélien que Claudel (dans un superbe article élogieux) qualifie à la fois d' »Hamlet façonné par l’expérience morbide des tranchées », et aussi « d’épave consolidée au milieu de la dérive incessante » de ces « années folles »..

Quand on pense que ces pages là furent écrites au temps d’une France occupée par les Allemands , avec un Paris désert, spectral, que des étendards rouge à croix gammée flottaient le long de la rue de Rivoli… Quand on songe que le roman fut écrit sur des cahiers d’écoliers par un Aragon caché dans l’annexe d’une ferme à Saint-Donat, dans la Drôme, muni de faux papiers mal contrefaits en partie sur des petits cahiers d’écoliers…

Revenons à ce roman « Aurélien ».

Aurélien Leurtillois , démobilisé après huit ans de caserne puis de guerre dans les tranchées, ne sait trop quoi faire de sa peau…C’est le célibataire oisif,rentier, caractéristique de la bourgeoisie aisée française .Il fréquente les salons de Mary de Perceval où vient le Tout-Paris.Là Aragon nous glisse les portraits de ses amis :Picabia , de Picasso, de Cocteau.,Matisse et tant d’autres..

Aurélien vit dans une garçonnière à la pointe de l’île Saint-Louis. »On était au-dessus de ces arbres larges et singuliers qui garnissaient le bout de l’île, on voyait sur la gauche la Cité où déjà brillaient les réverbères, et le dessin du fleuve qui l’enserre, revient, la reprend et s’allie à l’autre bras, au-delà des arbres, à droite, qui cerne l’île Saint-Louis. Il y avait Notre-Dame,tellement plus belle du côté de l’abside que du côté du parvis.. »Régulièrement il retrouve des anciens combattants dans ce Paris des années 20.

Démobilisée, désaffectée, prise au piège de ses souvenirs dans les tranchées d’Artois ou d’Argonne, la génération d’Aurélien reste inadaptée au retour à la vie civile. Ces jeunes démobilisés se retrouvent sur les banquettes des bistrots pour évoquer leurs mois dans les tranchées.. ..paumés.. en recherche d’une identité dont une partie est restée au fond de leur cantine militaire. Drieu La Rochelle fera le portrait magistral de l’un d’eux sous les traits de l’alcoolique et suicidaire Alain dans «Le  Feu follet ».

Denise Kahn, qui fut le modèle de Bérénice

Pas mal de critiques et universitaires s’accordent d’ailleurs -pour affirmer que cet Aurélien doit beaucoup au jeune Drieu La Rochelle qui fut l’ami intime ,si longtemps, du jeune Aragon.Ce qui est confirmé par Aragon lui-même dans ce texte préface qui ouvre le Folio : »Voici le temps enfin qu’il faut que je m’explique » . Aurélien est invité dans des bals masqués, des dancings,fréquentes bars,ou de simples bistrots de quartier, avec des veuves de copains,des amies d’ami, des demi mondaines,rencontre des grandes bourgeoises qui s’affranchissent. Ce roman de l’amour « absolu », ce chant de l’amour impossible entre Aurélien et cette Bérénice ,offre le paradoxe d’être aussi le roman des adultères multipliés -et du libertinage .Ces adultères sans lendemain, sont incessants, croisés, renouvelés, presque interchangeables. Ces coucheries se multiplient au gré des soirées et des chapitres .C’est toute l’ironie de ce roman de l’amour impossible que de réussir une fresque des échanges, des flirts, des baises, qui aboutissent à former une collection de jaloux et de jalouses..Car la jalousie règne sur ces pages. Jalousies amoureuse mais aussi jalousies artistiques ,quand par exemple, le peintre Zamora est jaloux de Picasso  ou que d’autres son jaloux de Cocteau. Aragon parlait d’or quand on sait que cet ancien Surréaliste a connu tous les déchirements du mouvement , la période des exclusions, excommunications et anathèmes lancés par le « pape » André Breton.Sans oublier les multiples rivalités amoureuses qui marquèrent le groupe Surréaliste…

Au fil des pages, on reconnaîtra Breton sous la figure de Ménestrel, Decoeur, c’est le cinéaste Louis Delluc, Rose Melrose emprunte à la compagne d’Artaud, l’actrice Génica Athanassiou, tandis que Paul Denis, si important, mêle un peu de Paul Eluard,de René Crevel et surtout ce Pierre Naville qui épousera celle qui fut le modèle de Bérénice, Denise Kahn cousine de Simone Breton, femme d’André Breton.On reste en famille…

Il y a aussi dans ce roman, un côté Hôtel du Libre Echange , dans une Paris tres Fitzgerald .mais ce qui reste l’empreinte profonde du roman c’est une tragédie racinienne ,l’attente perpétuelle, et cette errance labyrinthique de deux êtres, ce dédale aride et déchiré qui condamne tout amour à mal finir dans un Paris-Césarée. .Aragon mange aussi le morceau  : « Bérénice était un simple prétexte qui le ramenait toujours à ce miroir de l’imagination où il ne voyait qu’Aurélien, Aurélien et toujours Aurélien ». On retrouvera ce texste quand il écrire en 1960 l’époustouflant « Blanche ou l’oubli ».

Donc donc, le roman repose sur ce dilemme : soit Aurélien possède Bérénice et donc l’a fait entrer dans la normalité déprimante d’une série de conquêtes (ou bien dans la norme du mariage bourgeois) soit Aurélien se contraint à  » l’amour sans la possession » et alors il garde quelque chose de cette « clarté croissante, cette blancheur.. » cette chimère assez nervalienne qui fascinera Aragon jusqu’à sa mort.

L’autre paradoxe c’est que le personnage Bérénice, loin d’être une femme éthérée, Aragon la montre une petite provinciale comme les autres adore arpenter Paris qui cherche elle aussi sa voie.Elle est franche, spontanée, tantot rêveuse, tantôt familière, concrète, naturelle, à l’aise dans la vie courante, mais qui,par sa beauté -et sans trop vouloir le savoir- perturbe l’ordre établi. Au fond, elle représente quelque chose comme le songe du Désir masculin.Quand elle danse avec Aurélien, Aragon note bien que son visage, ,les yeux fermés possède « un sourire de sommeil,vague,irréel ». Par là, on rejoindra l’image du masque mortuaire, ce visage de plâtre de la « noyée «  de Seine,qui hante Aurélien puisqu’il l’a accroché ce masque dans garçonnière. Pourquoi ? Est-ce la Mort qui a poursuivi l’ancien combattant des tranchées ? Est-ce l’identité flottante qui rejoint toutes les femmes aimées puis perdues ? Le texte garde son énigme.

On verra d’ailleurs que Bérénice, ne sachant pas à quels désirs anciens, à quelle histoire secrète, correspond ce masque qui fascine Aurélien, en devient jalouse.

Mais par dessus tout ce qui fascine dans « Aurélien » , c’est la présence du Paris de l’entre-deux-guerre. J’y vois même le cœur battant du roman.

Le peintre Picabia, modèle de Zamora

On retrouve l’Aragon du « Paysan de Paris » ,rédigé dans les années 2O. Cette topographie parisienne s’élargit et s’épanouit au fil des chapitres et semble modeler les rêveries intérieures des deux grands personnages. ce Paris « laboratoire de la vie moderne » fascine toujours autant l’auteur. Il nous rend palpable le « merveilleux quotidien.De simples vitrines dans un quartier Latin, ou une rue de Rivoli, prennent les couleurs d’une mythologie à déchiffrer. Chaque immeuble, chaque impasse, chaque carrefour (dans tous les quartiers) possède son message.Tout ce qu’il y a insaisissable, dans le concret d’une ville, depuis ses toits gris jusqu’à son métro, procède d’un curieux mouvement électrique qui se révèle une manière d’introspection systématique, -parfois humoristique- dans les couloirs de la mémoire et de l’imagination du narrateur.

Paris c’est l’espace et le Temps sensibles au cœur pourrait-on dire en pastichant Proust. L’agencement cyclique des promenades, de jour comme de nuit, forment le charme absolu du roman.

Paris ,ses rues, ses heures, catalysent la mémoire involontaire d’Aragon comme la madeleine trempée dans le thé provoquait celle de Proust.Parcourir le XVI°arrondissement ou les Buttes Chaumont ou suivre la Seine introduit au souvenir d’une autre vie-plus intérieure et plus antérieure – comme si chaque rue s’ ouvrait vers un mouvementent de l’esprit ».

Les errances et flâneries de Bérénice sont à cet égard d’une stupéfiante beauté. Aragon, paysan de Paris, s’en donne à cœur joie pour décrire les émerveillements de sa petie provinciale.Elle suit des avenues, Aragon écrit : »Chemins vivants qui menaient ainsi d’un domaine à l’autre de l’imagination, il plaisait à Bérénice que ces rues fussent aussi bien des morceaux d’une étrange et subite province ou les venelles vides dont les balcons semblent avoir pour grille les dessins compliqués des actions et obligations de leurs locataires.. ».

La rue Oberkampf :  »ses maisons lépreuses, déshonorées par des réclames si vieilles qu’on ne les voit plus »,mais aussi le Marais, le quartier Saint Honoré, les piscines municipales et les ouvriers en marcel, les dames à chapeau cloche du Casino de paris, les fumoirs des théâtres et ses uniformes américains, les dancings à boules scintillantes , les rues encaissées qui montent vers Montmartre, la rue Pigalle sous la neige, les auréoles sombres de l’avenue du Trocadéro le soir. Ou bien ce petit café « qui donnait sur passage .Il y avait entre les glaces et les portes vitrées tant de reflets qu’on s serait cru au théâtre. C’était encore un lieu de l’ancienne manière, avec des ors partout et des petites colonnes brunes à chapiteaux compliqués, des banquettes rouges, des porte manteaux Renaissance. Il traînait sur les tables des sous-main à lettres d’argent, des tomes dépareillés du Bottin . Il y avait un percolateur derrière le bar d’acajou à applications de cuivre, et la caissière rêvait dans ses frisettes et la poudre de riz. »

Il y a aussi les arrières salles pour noces et banquets.. Les boites de nuit et « leurs poules », l’Île Saint- Louis, ses portes, ses cours, ses escaliers, s et l’inconnue de la seine en masque de plâtre… Aragon décrit les petits boutiquiers, les crèmeries, les concierges, les garçonnières, les ateliers de peinture, les expos dadaïstes, le bar de la paix et « ses moulures Louis XVI » les brasseries des Thermes, les bars des beaux quartiers où des barmen en veste blanche agitent des shakers.

Car ce Paris, si bien vu, est en même temps « une ville pour les hommes de trente ans qui n’ont plus cœur à rien. Une ville de pierre à parcourir la nuit sans croire à l’aube ». Et, comme par hasard, on se souvient que, peut-être aussi, également, Aragon décrit sans doute en filigrane sa France de 1942, l’immense dépression-abattement de tout un pays devant la défaite de juin 40.. ce n’est pas un hasard s’il écrit « à parcourir la nuit sans croire à l’aube » dans sa cachette de la Drôme avec des faux papiers mal faits qui le mettent à la merci d’un contrôle de la police allemande….

La fin du livre, si brutale, nous révèle qu’Aurélien et Bérénice,dans la débâcle de 40, enivrés de cognac dans une voiture, sont mitraillés par les Allemands. Bérénice meurt. « Bérénice ! »

Ils avaient crié tous ensemble.La main valide d’Aurélien lui redressa le visage. Elle avait les yeux à demi fermés,un sourire, le sourire de l’Inconnue de Seine…Les balles l’avaient traversée comme un grand sautoir de meurtre. »

Ce sentiment d’irréalité de certains temps historiques imprègne ces pages. Chant de l’absence, épopée du vide, roman des temps morts, des temps blancs, des non dits, des mal dits, des élongations de la durée , roman des digressions folles et magistrales , bifurcations, attentes douloureuses ,flamboyantes, et déçues. Il y a du Flaubert de « L éducation sentimentale » dans cet « Aurélien » ça se comprend aussi bien dans l’élaboration musicale des phrases que dans la construction d’un paysage d’époque à la fois ardent, mais aussi dévasté et qui laisse, au final, une odeur de vies calcinées. une odeur de vies calcinées.

Remarquons enfin qu’Aragon, nous entretient alors, sans l’air d’y toucher, des « jours alcyoniens ».

Quand l’Histoire est « hors des gonds »,alors on peut à l’infini dans le cinéma mental humer , sentir, deviner, une légère accalmie entre deux détresses. Bérénice déclare : » Vous savez bien, les jours alcyoniens.. quand l’alcyon, tant la mer est calme, peut y faire son nid au creux des vagues..les jours d’avant Noël.. »

Ce détail est remarquable.

Ces « jours alcyoniens » d’Aurélien et de Bérénice, »au creux des vagues » ,quelle trouvaille !

EXTRAIT

Voici comment Aurélien voit Bérénice:

« La seule chose qu’il aima d’elle tout de suite, ce fut la voix. Une voix de contralto chaude, profonde, nocturne. Aussi mystérieuse que les yeux de biche sous cette chevelure d’institutrice. Bérénice parlait avec une certaine lenteur. Avec de brusques emballements, vite réprimés qu’accompagnaient des lueurs dans les yeux comme des feux d’onyx. Puis soudain, il semblait, très vite, que la jeune femme eût le sentiment de s’être trahie, les coins de la bouche s’abaissaient, les lèvres devenaient tremblantes, enfin tout cela s’achevait par un sourire, et la phrase commencée s’interrompait, laissant à un geste gauche de la main le soin de terminer une pensée audacieuse, dont tout dans ce maintien s’excusait maintenant. C’est alors qu’on voyait se baisser les paupières mauves, et si fines qu’on craignait vraiment qu’elles ne se déchirassent. »

27 réflexions sur “Relire « Aurélien » d’Aragon, somptueux…

  1. Impressionnant décorticage, Paul Edel., pour nous sortir de Céline et Proust, sans passer par Colette, (hélas) !!!…
    Je l’avais lu, cet Aurélien dont on me Rebatet (sic) les oreilles avec Drieu LR, et je m’y ennuyais ferme. J’en manquais sans doute la quintessence, faute d’avoir connu Paris à l’époque et tous ces personnages réels et masqués dont vous traquez les figures dans ce roman… Quant au « paysan de Paris », hum !… l’ai lu plus récemment sur une suggestion de jzmn, et c’est peu dire que ce texte redoubla mon éloignement… Non, moij, mon Aragon, c’était surtout l’exploit de l’histoire du retour de Louis 18 après la débâcle de la Bérézina (cf. le mélange des genres), sous cette pluie oblique incessante… Or la Bérénice de Racine ou la Béatrice de Dante, leurs mannes et chevelures,… peut-être bien…, je vous l’accorde, voyez, mais cet absolu d’une Blanche idéalisée par son absence, je n’arrive à y croire ou n’y ai jamais trop cru à cause des « jours alcyioniens », précisément… Par ailleurs, on n’a pas trop connu cette époque du Surréalisme fou, au centre de la terre littéraire durant l’entre deux-guerres bretonnante, parait-il.
    En fin de compte, peut-onétablir des parallèles littéraires entre Elise J et Elsa T., des compagnes bien prosaïques…, voilà la question sous jacente que l’on peut vous poser à partir de votre chute, faute de disposer d’autres biscuits pour aller dans votre sens passionné.
    Bravo pour cette nouvelle immersion décalée, PE… Cela devient rare sur les blogs littéraires. J’ai beaucoup de plaisir à vous lire, vraiment… Avec vous, la critique d’un roman célèbre et sorti de l’oubli, a toujours beaucoup d’allure. Voilàge.

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    • Aragon ,à propos de la romancière Colette, a souligné qu’en construisant le personnage d’Aurélien, il a été marqué et influencé par le personnage de « Chéri », »non pas le Chéri du texte « Chéri »,mais celui de » La fin de Chéri ». Il précise: « Et je reconnais qu’Aurélien doit énormément au roman de Colette ». est-ce vrai? est-ce un écran de fumée? allez savoir…l’hypothèse Drieu reste la plus vraisemblable.

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    • Merci Janssen JJ pour votre commentaire. Mes commentaires ne passent plus sur la RDL…Bizarre.. est-ce parce que j’accueille les textes de Bouguereau le pestiféré? Une autre raison? les textes bloqués parlaient de Jazzi et d’Audiberti, fastueux piéton de Paris, aussi bon qu’Aragon..

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  2. polo t’intertextualise telment qu’on dirait que tu veux que ta critique elle même te mette au volant..tu veux bien t’autocritiquer..mais en voisin..surtout la c25..tout ça pour rende jaloux dirfilou on l’sait bien..et puis racinien il y tient mordicus laragon..racine on peut pas s’assoir dessus et aller a 200 à l’heure qu’il aurait dit picabia..vu que lui c’était tout pour la bugatti..évidemment vu que pendant ce temps là céline mangeait des nouilles et soignait les pauvresses et que proust sentait la couille..tu orientes trop tes choix épicétou

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  3. mais moij c’était la place du milieu sur le siège arrière de la 2-deuche (2 cv Citroën) dont la barre traversière me rentrait dans le cul quand il fallait y monter à sept. Alors ta bugatti par la racine, tu peux te l’arracher au gode de la ceinture, mon gars… on n’a pas été élevés au même étiage des gorets avec Paul. Voilàj ! épicez moi le tout. Et, boug… reviens à la maison, tu nous manques, merd’alhors, koi !

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    • JJ-J Je voudrais aussi que Bouguereau puisse reprendre sa place à la RDL, mais moi j’ai perdu la mienne. Tant Pis, y’a plus grave .

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  4. ce style parlé, si fluide, si éblouissant…

    Indeed peut-être la raison du déficit de « notorieté » ‘Aragon face aux mogouls Proust, roi de la soupe de Gracq, et Céline, gross colère turgescente. Riche notule, dear Pauledel, retour de la famille littéraire française qui mobilisait jusqu’aux Abetz.
    Enfin, ce rendu de style « parlé » est il si naturel ? Me souviens du mogoul Widergänger qui conseillait de commencer par « le paysan de Paris » pour aborder la prose de l’amant de Lady Cunard.
    Votre déchiffrement nous sera utile, chez Aragon, Drieu est toujours embusqué derrière le poteau Claudel. Percevez-vous un désir de revanche social chez cet adopté béni de dons qui s’échigne à déviriliser Drieu redescendu de ses châteaux

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  5. « Et je reconnais qu’Aurélien doit énormément au roman de Colette ». est-ce vrai ? est-ce un écran de fumée? allez savoir

    Mais où avez vous trouvé ça au juste, Paul ? what is your source ?

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    • La source JJ-J est d’Aragon lui même …dans le texte « Voici le temps enfin qu’il faut que je m’explique.. » qui préface le Folio « Aragon.. Vous pouvez vérifier en achetant le folio..Mais attention le « Mentir-vrai » d’Aragon , ce n’est pas une formule creuse…même en dehors de la recomposition romanesque..

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  6. @ Drieu est toujours embusqué derrière le poteau Claudel
    Le faites exprès oukoi !!? @ Dieu est toujours embusqué derrière le pilier de Claudel.
    C’est pas d’la double vue intertextuelle, ça ?

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  7. Pas lu tout cela.
    Bloquée sur la naissance bâtarde par les pulsions d’un préfet de province Louis Andrieux ?
    Crois que non.
    Blocage sur le stalinisme ? Certains, l’aurait fallu leur foutre les envoyés au goulag dans la Kolyma pour qu’ils croient en les touchant du doigt à l’écroulement de tous leurs rêves d’égalité prolétarienne.
    À part Diego Riviera -mais qui ne maîtrisait rien de sa sexualité- qui d’autre a mené au bout nos espérances ?
    Crois pas non plus.
    Suis allée par le hasard des circonstances visiter leur moulin, à lui et Elsa.a.Saint Afnoult en Yvelines.
    Lieu somptueux.
    Dans la salle à manger, la roue à aube du moulin, gigantesque : l’eau dans la maison tourne.
    Les meubles anglais choisis par Elsa : splendides.
    En haut des escaliers des livres partout.
    Leurs chambres. Une guide passionnante.
    Dehors un parc extraordinaire. Leur tombeau en haut d’un petit tumulus. Des œuvres d’art partout lorsque l’on déambule.
    Ils ont légué le tout en l’état à l’État ou bien maison d’écrivain.
    La.seule chose que je sais est que désormais, chez eux c’est chez soi et que nous y baignons intensément dans la poésie ! Le bonheur fou.

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  8. Mais attention le « Mentir-vrai » d’Aragon , ce n’est pas une formule creuse…même en dehors de la recomposition romanesque..

    tu sais polo..les idées sont -pour beaucoup- rien que des hornements et l’idéologie: des plafonds à volute « goût russe » de nice.. alors que « moi qu’est pas vulgasse je préfère le style authentique maraquèche »..d’où pourquoi pas un peu dla fesse à colette en médaillon.. j’ai lu aragon souvent avec plaisir..facilité éblouissante..maestria etc..mais franchment jme dmande si c’est pas mieux d’ête un idiot utile à bretelle avec une casquette de garde barrière..les ptis malins n’ont qu’une cause c’est la leur et énervent à mort la droite qui n’a jamais eu bzoin de tant de soin et de cervelle pour tabler la dsus..et pour se trouver salope..égoïste..bête..enculeuse..car elle sait quelquefois sur le papier ne pas manquer de franchise….mais dpuis la nuit des temps on sait bien que les écrits sont fait que pour engager ceux qui savent pas lire qu’il dirait meussieu courte

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  9. aprés la chicoré langoncet va s’étoffer d’un coming aout..mais pas au distillat de pétrole quelle dirait sandrine rousseau

    « Le parfum, un gel plutôt, n’avait pas été appliqué au hasard, et il était facile, à la courte distance où j’étais, de deviner de quel orifice copieusement enduit émanait l’entêtante invite. »
    Pierre Assouline donne ensuite la parole à Daniel Bougnoux : « Cette scène de drague homosexuelle tout à fait carnavalesque est fondatrice pour moi. Or, on m’a sommé de retrancher ce chapitre de mon manuscrit. Cette amputation m’a meurtri. C’est un comportement d’un autre âge, c’est l’Union soviétique ! D’autant plus absurde que ce chapitre 7 permettait de rendre Aragon à sa complexité. »

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  10. Je ne trouve aucune trace de cette Irène Kahn, MC. en revanche, ce que je sais c’est que Denise Kahn ne supportait pas l’amitié d’Aragon pour Drieu la Rochelle. et puis on a publié quelques lettres retrouvées tardivement d’Aragon fou amoureux de Denise, publiées aux éditions Nadeau. Voici un petit extrait: « Dans ce café où je n’entends guère qu’un écho qui insiste, de toute la province, et de la vie de garnison, devant les chaises de bois jaune, et un alcool qui se finit, il n’y a que vous, Denise, qui vous promeniez sans un mot, vous voici appuyée au billard, vous voici près de la plante verte. Vous êtes dans l’embu des planches que le garçon arrose, puis sable. Vous êtes dans le siphon où l’univers est bleu. Parlez, voulez-vous. »

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    • Voire pompant … pour une qui : « Dès 1928 [née en 1896] traduisit la brochure de Léon Trotsky Vers le capitalisme ou vers le socialisme d’après le texte allemand révisé par l’auteur. Plus tard, elle assura le même travail concernant le livre inédit en français de F. Engels Dialectique de la nature, l’ouvrage de N. Boukharine L’économie politique du rentier et le livre de Carl von Clausewitz De la guerre. Elle aida Trotsky à réviser la traduction en allemand de plusieurs de ses livres lors de séjours à Prinkipo. Elle participa au voyage de Trotsky à Copenhague, aux éditions et bulletins de l’opposition de gauche et du POI, elle assura la gérance du Bulletin de l’opposition russe en France. Elle fut la traductrice de nombreux articles de sociologie parus dans Épistémologie sociologique et l’auteur de notices sur diverses études allemandes parues dans l’Année sociologique. Elle poursuivit un long travail pour présenter en français la correspondance complète de F. Hölderlin. Elle entreprit également la traduction d’ouvrages poétiques de Wittgenstein, de Frege et plus particulièrement de P. Celan. Elle collabora à la préparation du volume des Romantiques allemands. (La Pléiade, 1973, Les Apatrides de J. Kerner). Elle s’attacha à faire connaître des auteurs comme le poète HE Nossack et les travaux de DH Kahnweiler, W. Uhde sur l’esthétique. »

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      • Oui, Jean Langoncet …. Denise Lévy , Denise Kahn, est finalement devenue Denise Naville. Elle a eu un parcours intellectuel passionnant On sait aussi désormais que la dédicace placée et enchâssée au milieu du texte « Le con d’Irène »(rédigé entre 1923 et 1926 et que je vous recommande de lire!) c’est bien à elle qu’il s’adresse: « C’est à vous que je m’adresse, mon amie, ma très chère amie, à vous dont le nom ici ne peut se trouver, et qui au milieu de considérations semblables auriez tellement lieu de vous étonner que j’ose faire seulement allusion à votre existence, aux étranges rapports qui nous ont pourtant, ailleurs, et probablement à jamais unis, uni quelque chose de vous et quelque chose de moi. Je l’arrangerai pour que ceci tombe sous vos yeux. »

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  11. ça craint le feu, les amours fous d’Aragon !
    ***toujours un alcyon pour s’immiscer dans le tableau, comme dirait jmb à madame courtecuisse

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  12. mais vous parlez de qui au juste, JL, de denise ou d’irène kahn ??? (et la source, il faut la mettre, hein !)
    On perd le Phil à voir ce blog incruster des Q/R au gré de sa fantaisie? M’enfin, c pas si grave que chez passoul.

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  13. les paupières mauves, et si fines qu’on craignait vraiment qu’elles ne se déchirassent

    c’t’un fait quils avaient pas peur du subjonctif en ce temps là..aragon encore moins que les autres et ça vous fait de ces chutes qui font racinien comme mon cul à la fnête qu’il aurait dit ferdinand

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